Une étude conduite par Siaka Drissa Traoré et ses collaborateurs, publiée en août 2025 dans la Revue africaine des sciences agricoles et environnementales (AJAES Vol. 2(1)), met en lumière un rôle jusqu’ici peu documenté de la pomme de terre dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au Mali. Cette recherche, réalisée en collaboration avec l’Institut d’Économie Rurale (IER), le Centre Régional de Recherche Agronomique de Sotuba et l’IPR/IFRA de Katibougou, souligne l’impact significatif de la culture et de la consommation de ce tubercule sur la sécurité alimentaire des ménages dans les régions agricoles de Sikasso et Koutiala.
Dans un contexte où la diversification agricole devient une nécessité pour renforcer la résilience des exploitations face aux aléas climatiques et économiques, la pomme de terre se distingue comme une culture stratégique. L’étude a été menée sur un échantillon de 192 producteurs, répartis entre Sikasso (44 %) et Koutiala (56 %), deux zones reconnues pour leur potentiel agricole.
Améliorer la diversité alimentaire : résultats sont sans appel
Les résultats sont sans appel : les ménages producteurs de pomme de terre affichent un meilleur profil nutritionnel et une plus grande sécurité alimentaire. Selon les chercheurs, 94 % des exploitations produisant de la pomme de terre ont une consommation alimentaire jugée « acceptable » contre seulement 83 % chez ceux qui n’en produisent pas. De plus, 42 % des ménages producteurs sont classés en « bonnes conditions alimentaires » contre 25 % seulement parmi les non-producteurs. Quant à la vulnérabilité alimentaire, elle touche 58 % des ménages non producteurs contre 42 % chez les producteurs de pomme de terre. Ce différentiel de 16 % souligne clairement la contribution de cette culture dans la réduction de l’insécurité alimentaire. « Ces résultats montrent que la production de pomme de terre ne se limite pas à une fonction économique ; elle a également un impact direct sur la nutrition des ménages », explique Siaka Drissa Traoré, auteur principal de l’étude. En effet, la culture de la pomme de terre contribue à améliorer la diversité alimentaire et permet aux familles rurales d’avoir accès à une alimentation plus régulière et plus équilibrée.
Une valorisation accrue de la filière
Face à ces constats, les chercheurs recommandent une valorisation accrue de la filière pomme de terre en misant sur l’appui technique, l’accès aux intrants de qualité et la mise en marché. La pomme de terre pourrait ainsi devenir un pilier plus important des politiques de sécurité alimentaire au Mali en complément des céréales traditionnelles.
En résumé, cette étude révèle que la pomme de terre, bien que souvent reléguée au second plan dans les stratégies agricoles, peut jouer un rôle central dans la réduction de l’insécurité alimentaire et l’amélioration des conditions de vie en milieu rural. Un signal fort pour les décideurs, les chercheurs et les producteurs maliens.
Fabrice Nouzianyovo
