Une récente étude scientifique, publiée dans la revue Liptako Gourma (Vol. 1, No. 1, 2024), met en lumière la qualité bactériologique préoccupante du lait cru et fermenté au Niger. Menée par une équipe de chercheurs nationaux, cette étude systématique révèle la présence de plusieurs bactéries pathogènes dans les produits laitiers consommés à travers le pays.
Réalisée par Salou S.Y et Abdoulaye O du Laboratoire National de Santé Publique et d’Expertise, ainsi que Madougou A.M de la FAO et de l’Université Abdou Moumouni, l’étude visait à compiler les données scientifiques disponibles sur la qualité microbiologique du lait au Niger. Grâce à une méthodologie rigoureuse conforme au modèle PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses), les chercheurs ont analysé des publications de 2000 à 2024 issues de trois grandes bases de données internationales : Pubmed/Medline, Google Scholar et African Journals Online.
Sur les 37 études identifiées, seules 8 ont été jugées pertinentes pour une analyse approfondie. Toutes provenaient des régions situées à l’ouest du pays : Niamey, Dosso, Tillabéri, Hamdallaye, et la zone transfrontalière du Liptako-Gourma. Les résultats sont sans appel : la majorité des échantillons de lait analysés contiennent des bactéries dangereuses pour la santé humaine. Parmi les agents pathogènes identifiés figurent Staphylococcus aureus, Escherichia coli, Salmonella spp., et Klebsiella pneumoniae. Ces germes, bien connus des microbiologistes, peuvent provoquer des infections graves, en particulier chez les enfants, les personnes âgées ou immunodéprimées.
"Le lait est un aliment hautement nutritif, mais il peut aussi devenir un vecteur de maladies s’il n’est pas manipulé dans de bonnes conditions d’hygiène", alerte le Dr Salou S.Y. C’est pourquoi, les chercheurs recommandent une application stricte des bonnes pratiques d’hygiène tout au long de la chaîne de production du lait, de la traite à la commercialisation.
La mise en place d’un système de contrôle qualité basé sur les principes du HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) est également jugée indispensable pour améliorer la sécurité des produits laitiers dans le pays.
Alors que la consommation de lait cru et fermenté reste courante dans de nombreuses zones rurales, cette étude rappelle l’urgence d’investir dans la formation des acteurs de la filière laitière, ainsi que dans les infrastructures de transformation et de conservation de ce liquide. Pour les consommateurs, le message est clair : la vigilance s’impose. Faire bouillir le lait avant consommation, privilégier les produits pasteurisés et respecter les règles d’hygiène de base peut limiter considérablement les risques sanitaires.
Fabrice nouzianyovo
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