Bamako, le mercredi 5 novembre 2025(SS)-La drépanocytose, maladie génétique du sang qui touche des millions de personnes à travers le monde, notamment en Afrique subsaharienne, demeure encore un mal à combattre. Dans sa thèse de doctorat intitulée « Approche métabolomique de la drépanocytose » soutenue en mars 2020, sous la direction des professeurs Pascal Reynier et Bakary Cissé, Dr Kletigui Casimir Dembélé propose de nouvelles pistes thérapeutiques contre la maladie.
A ce jour, peu d’études avaient analysé globalement les processus physiopathologiques de la drépanocytose. Le chercheur a donc choisi une approche innovante : la métabolomique, une discipline qui étudie les petites molécules produites par les cellules, véritables témoins du fonctionnement de l’organisme. À l’aide d’une spectrométrie de masse couplée à un kit de métabolomique ciblée, les travaux ont porté à la fois sur le plasma et les globules rouges.
Deux volets ont été explorés : une étude préclinique, menée sur un modèle murin humanisé du génotype HbSS pour observer l’état basal de la maladie et une étude clinique, réalisée au Centre de Recherche et de Lutte contre la Drépanocytose de Bamako pour analyser les crises vaso-occlusives chez les patients.
Les résultats sont sans appel : la drépanocytose bouleverse en profondeur les réseaux métaboliques, aussi bien à l’état stable que lors des crises.
Les chercheurs ont confirmé la pertinence de leur approche en retrouvant des dérégulations déjà connues, notamment celles liées au métabolisme du NO (oxyde nitrique) et de l’arginine, essentiels à la dilatation des vaisseaux sanguins. Mais surtout, l’étude a mis en lumière de nouvelles anomalies métaboliques touchant des acides aminés comme la kynurénine, la sérotonine, la taurine ou encore l’alpha-aminoadipate, ainsi que les hexoses et les phospholipides. Ces dérégulations traduisent un remodelage des membranes des globules rouges, une crise énergétique, une souffrance cérébrale et une altération des voies nociceptives, c’est-à-dire celles liées à la douleur.
Les perspectives ouvertes par ces travaux sont prometteuses : à partir des signatures métaboliques identifiées, les chercheurs espèrent découvrir des biomarqueurs prédictifs des crises vaso-occlusives, mais aussi de nouvelles cibles thérapeutiques pour améliorer la prise en charge de la maladie.
La thèse de Dr Kletigui Casimir Dembélé mêlant rigueur scientifique et innovation technologique, constitue une avancée majeure dans la compréhension globale de la drépanocytose et illustre la vitalité de la recherche biomédicale africaine.
Fabrice Nouzianyovo
