Abidjan, le vendredi 31 octobre 2025(SS)-Le Lénacapavir, une injection biannuelle pour lutter contre le VIH/SIDA, sera disponible en 2027 dans 120 pays à revenu faible et intermédiaire au prix de 40 dollars par an, dans le cadre de nouveaux accords de licence entre la société pharmaceutique américaine Gilead Sciences et des fabricants de médicaments génériques en Inde, rapporte le site d’information scientifique scidev.net.
Les bailleurs de fonds ont salué ces accords annoncés fin septembre 2025 comme une avancée majeure dans la lutte contre cette épidémie mondiale, qui touche 40,8 millions de personnes, selon le site d’information scientifique.
Toutefois, précise scidev.net, les défenseurs de l’accès aux médicaments craignent que des pays à revenu intermédiaire, dans les régions où les taux de VIH augmentent, soient exclus de ces accords de licence et autres avec Gilead Sciences.
La Coalition internationale pour la préparation au traitement (ITPC), qui cherche à faire baisser le prix du traitement contre le VIH, la tuberculose et l’hépatite C à travers sa campagne « Make Medicines Affordable », a condamné l’exclusion de « dizaines de pays » des accords de licence du Lénacapavir, dans des régions comme l’Amérique latine, l’Afrique du Nord et l’Asie.
« Les communautés des pays dits « à revenu intermédiaire » sont traitées comme si elles pouvaient se permettre des prix de monopole ; mais la réalité est que les systèmes de santé s’effondrent, les programmes sont réduits et des millions de personnes se verront refuser la prévention qui pourrait mettre fin au sida », déclare Solange Baptiste, directrice exécutive de l’ITPC.
La Fondation Gates soutiendra la société pharmaceutique indienne Hetero avec un financement initial et des garanties de volume pour lui permettre de fabriquer et de vendre du Lénacapavir générique pour environ 40 dollars par patient ; un prix considéré comme abordable pour la plupart des pays à revenu faible et intermédiaire. La fondation affirme avoir investi plus de 80 millions de dollars pour accélérer la mise sur le marché, étendre la livraison et raccourcir le délai d’entrée sur le marché générique du Lénacapavir.
De leur côté, la Clinton Health Access Initiative (CHAI), Unitaid et l’institut de recherche sud-africain Wits RHI entend fournir à Dr Reddy’s, un autre fabricant indien de médicaments, un soutien financier, technique et réglementaire pour fournir des versions génériques du médicament aux pays à revenu faible et intermédiaire à partir de 2027, au même prix.
Dans le cadre de l’accord précédent, Gilead Sciences a déclaré qu’il espérait atteindre 2 millions de personnes au cours des trois prochaines années, le déploiement devant commencer dans les pays soutenus par le Fonds mondial d’ici la fin de 2025. Gilead Sciences a signé des accords de licence volontaires en octobre 2024 avec six fabricants de génériques : Dr. Reddy’s, Hetero et son homologue indien Emcure, Eva Pharma, basée en Égypte, Ferozsons Laboratory Limited, au Pakistan, et Mylan, une filiale de la société américaine Viatris.
Dans une déclaration faite à SciDev.Net, Gilead Sciences explique qu’elle a donné la priorité à 18 pays qui représentent 70 % du fardeau du VIH des 120 pays nommés dans les accords de licence volontaire, à savoir : Botswana, Eswatini, Éthiopie, Kenya, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Nigeria, Rwanda, Afrique du Sud, Tanzanie, Ouganda, Zambie, Zimbabwe, Philippines, Thaïlande et Vietnam.
Selon Access to Medicine Foundation, une organisation à but non lucratif qui encourage les entreprises pharmaceutiques à améliorer l’accès aux médicaments dans les pays pauvres, 17 pays à revenu faible ou intermédiaire couverts par son Indice d’accès aux médicaments, sont exclus des accords de licence.
L’organisation indique que ces pays, principalement situés en Amérique centrale et en Amérique du Sud, représentaient 19 % des nouveaux cas de VIH en 2023. La plupart de ces pays sont classés par la Banque mondiale comme pays à revenu intermédiaire.
« Dans les pays à revenu intermédiaire en dehors de la région d’octroi de licences volontaires, nous travaillons avec les gouvernements et les organismes régionaux pour définir et rechercher les voies d’accès les plus rapides », indique l’organisation, évoquant des discussions en cours avec l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) pour élargir l’accès à ce médicament en Amérique latine.
En 2024, 1,3 million de nouvelles infections au VIH ont été contractées dans le monde, fait savoir l’ONUSIDA.

