En Côte d’Ivoire, l’insuffisance rénale reste et demeure un tueur silencieux. Grâce à une série d’investissements dans le secteur de la santé, le gouvernement ivoirien offre aux malades rénaux un accès amélioré aux soins de dialyse. Cette politique réduit le coût et la distance des traitements.
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- Le gouvernement a subventionné les séances de dialyse, réduisant leur coût dans le secteur public.
- Les investissements dans des centres d’hémodialyse se multiplient à travers le pays.
- Les autorités sanitaires œuvrent également pour améliorer la prévention et le dépistage précoce des maladies rénales.
Le gouvernement ivoirien poursuit sa stratégie de renforcement de l'accès aux soins de dialyse pour les patients souffrant d’insuffisance rénale à travers le pays. En 2024, selon les chiffres officiels, la subvention de l'État a permis de réduire de manière significative le coût des séances dans les établissements publics, passant de 65 000 à 100 000 FCFA dans le secteur privé à seulement 1 750 FCFA dans le public. Cette mesure est un véritable soulagement pour des milliers de malades, comme l'explique Jean Boti, un infirmier-patient au Centre d'hémodialyse d'Aboisso. « Sans cette subvention, de nombreux patients ne pourraient pas se permettre d'être soignés. », affirme-t-il.
Des centres d'hémodialyse, comme celui d’Aboisso, accueillent désormais des dizaines de patients, bénéficiant non seulement de prix abordables mais aussi de soins de qualité. Serge Souanga, un patient, souligne l’importance de ces infrastructures qui permettent aux malades d’être soignés près de chez eux, évitant de parcourir de longues distances. « Les patients atteints d’insuffisance rénale sont généralement très affaiblis. La proximité des soins est donc un atout majeur », ajoute Dr Huram Annet, néphrologue à Aboisso.
Le centre d’Aboisso fait partie d’un réseau de 16 centres d’hémodialyse à travers la Côte d'Ivoire, incluant des villes comme Abidjan, Bouaké, Gagnoa, et Korhogo. Celui de la ville de Korhogo ouvert en 2017 a permis à une centaine de patients de la région nord du pays de bénéficier de soins, réduisant les déplacements vers des villes plus éloignées. « Avant l’ouverture de ce centre, je devais aller jusqu’à Bouaké pour me soigner. Maintenant, c'est un réel soulagement de pouvoir être pris en charge ici. », fait savoir un patient résident à Korhogo.
L'ouverture de nouveaux centres a contribué à une baisse des décès dans certaines régions, notamment à Korhogo, selon Dr Oumou Diallo, néphrologue dans cette ville. La répartition géographique des centres permet une meilleure prise en charge des malades, qui n’ont plus besoin de parcourir de longues distances pour leur traitement.
Depuis la création du Centre National de Prévention et de Traitement de l’Insuffisance Rénale (Cnptir) en 2012, l'État ivoirien a considérablement renforcé ses investissements dans le domaine de la dialyse. En 2011, le pays ne comptait que 10 postes de dialyse, un chiffre qui a explosé à 157 en mai 2023, et 217 postes aujourd'hui dans le secteur public. Le ministère de la Santé prévoit de doter tous les hôpitaux du pays d’équipements de dialyse afin d’améliorer l’accès aux soins.
Chaque année, environ 12 000 nouveaux cas d’insuffisance rénale sont diagnostiqués en Côte d’Ivoire, dont 1 200 en phase terminale. Les facteurs de risque incluent l’hypertension, le diabète, les hépatites B et C, les cancers, et la drépanocytose. Selon le professeur Clément Kan Ackoundou-N’Guessan, directeur général du Cnptir, la lutte contre cette maladie passe également par la prévention, en particulier par la promotion d’une bonne hygiène de vie et un dépistage précoce.
Des campagnes de sensibilisation sont menées pour inciter la population à adopter des comportements plus sains, tels que boire suffisamment d’eau, limiter la consommation de sel, d’alcool et de tabac, et lutter contre l’obésité. Le gouvernement met également un accent particulier sur la promotion de la transplantation rénale, qui, grâce à des subventions, devient désormais accessible dans le secteur public, offrant ainsi une alternative pour de nombreux malades.
Auguste Beugré