Santé

Mali : quand la météo et les données locales affinent la lutte contre le paludisme

Mali : quand la météo et les données locales affinent la lutte contre le paludisme

Dans sa thèse de doctorat soutenue en 2022, Dr Mady Cissoko propose une nouvelle approche pour renforcer la lutte contre le paludisme en combinant données de surveillance, télédétection et facteurs environnementaux. Selon cette thèse, le paludisme reste la maladie la plus répandue au Mali, en dépit des progrès accomplis au cours des dernières décennies.

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Alors que le Mali déploie depuis des années des campagnes de prévention (moustiquaires imprégnées, traitement saisonnier, etc.), la maladie continue de provoquer un lourd fardeau, notamment dans certaines régions rurales. L’Organisation Mondiale de la Santé(OMS) recommande désormais un ciblage plus précis des interventions basé sur le risque réel de transmission dans chaque zone.

Carte du risque de paludisme dans le pays

Les travaux de Mady Cissoko se sont appuyés sur des données de routine issues des services de santé et sur des images satellites. Une première analyse menée à l’échelle des districts sanitaires, a permis de mettre à jour la carte du risque de paludisme dans le pays. Toute chose qui a facilité l’identification des zones les plus touchées, avec l’objectif d’y concentrer les efforts de prévention. Une étude approfondie menée dans le nord du pays, dans l’aire de santé de Diré, a montré que les zones de riziculture situées le long du fleuve Niger présentaient un risque bien plus élevé de transmission que les zones urbaines. Ces résultats soulignent l'importance d'étendre les campagnes préventives aux périodes d'inondation, lorsque les conditions sont particulièrement favorables à la reproduction des moustiques.

La pluie comme indicateur de transmission

Pour affiner la lutte contre le paludisme, la thèse propose une innovation majeure : adapter le calendrier des interventions préventives à la saison des pluies spécifique de chaque district. En croisant les données hebdomadaires des cas de paludisme avec les précipitations, l’équipe de recherche a pu définir précisément le début et la durée de la saison de haute transmission dans chaque zone. Cette approche permet une meilleure synchronisation entre les pics de risque et les campagnes de prévention maximisant ainsi leur efficacité.

Face à la résurgence du paludisme dans certaines régions, les conclusions de cette thèse ouvrent la voie à une planification plus intelligente des actions de lutte. En intégrant les données climatiques et les spécificités locales dans la stratégie nationale, le Mali pourrait franchir un cap décisif vers le contrôle, voire l’élimination du paludisme. La thèse de Mady Cissoko illustre comment la recherche scientifique peut appuyer les décideurs dans l’optimisation des politiques de santé publique. Elle montre que pour vaincre le paludisme, il ne suffit pas d’agir mais il faut savoir où, quand et comment agir.

 

Fabrice NOUZIANYOVO

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