DECEMBER 9, 2022
Santé

Hépatites virales : un expert alerte sur la propagation de la maladie dans plusieurs villes de la Côte d’Ivoire

Hépatites virales : un expert alerte sur la propagation de la maladie dans plusieurs villes de la Côte d’Ivoire

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre les hépatites, célébrée le 28 juillet 2025, le professeur Yao Bathaix Fulgence, président du Réseau ivoirien de lutte contre les hépatites virales, a lancé un appel pressant à la mobilisation nationale.

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Invité sur les ondes de 7info, le Pr Yao a attiré l’attention sur la gravité des hépatites B et C, qu’il qualifie de véritables fléaux responsables de nombreux décès évitables dans le pays. Ces infections, souvent silencieuses, constituent la principale cause du cancer du foie en Côte d’Ivoire. Il a illustré ce constat par le cas dramatique d’un jeune cadre de 33 ans, décédé peu après le diagnostic de la maladie.

En s’appuyant sur les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il a souligné que moins de 10 % des personnes atteintes de l’hépatite B et 21 % de celles touchées par l’hépatite C à l’échelle mondiale connaissent leur statut sérologique. Ce déficit d’information retarde les traitements et aggrave les complications.

Le spécialiste a précisé les voies de transmission : de la mère à l’enfant à la naissance, par le contact avec des objets souillés comme les aiguilles, les rasoirs ou les instruments de tatouage, lors de rapports sexuels non protégés ou encore à travers des transfusions sanguines non sécurisées. 

Certaines villes du pays, dont Abidjan, San Pedro, Yamoussoukro, Gagnoa et Abengourou, présentent une forte prévalence de la maladie.

Face à cette situation préoccupante, le Pr Yao a appelé à une stratégie nationale coordonnée, intégrée aux politiques sanitaires existantes. Il a sollicité une synergie d’actions entre l’État, les ONG, la société civile et les acteurs privés. À ses yeux, la lutte contre les hépatites virales relève d’une responsabilité collective et ne peut souffrir d’aucun retard. « Agissons maintenant », a-t-il exhorté.

Avant de décrire les signes cliniques susceptibles d’alerter : perte d’appétit, nausées, vomissements, douleurs abdominales, fièvre, diarrhée, jaunisse (coloration jaune de la peau et des yeux), urines foncées ou selles décolorées dans certains cas.

Pour contenir la progression du virus, le professeur a recommandé une série de mesures rigoureuses : vaccination mensuelle pendant trois mois, immunisation des nourrissons dès la naissance jusqu’à l’âge de 11 mois, dépistages fréquents et bilans de santé réguliers. Il a également insisté sur l’importance de comportements responsables : se protéger lors des rapports sexuels, rompre le silence autour de la maladie, et refuser toute forme de stigmatisation envers les personnes infectées.

Aux décideurs politiques, il a proposé de mobiliser l’ensemble des professionnels de santé autour d’actions ciblées, notamment en faveur de la jeunesse et des populations peu intégrées au système de soins. Il a plaidé pour une meilleure prise en charge psychologique et sociale des patients ainsi que de leurs familles.

Le professeur a exhorté les autorités à garantir un accès équitable aux soins sur l’ensemble du territoire, tout en renforçant la sensibilisation à travers des campagnes régulières, appuyées par les médias locaux et internationaux.

D’après les analyses publiées par le site scientifique Cairn.info, la répartition géographique des formes d’hépatite varie selon le type de virus. L’hépatite B, par exemple, s’avère plus fréquente dans les zones où les infections sexuellement transmissibles sont également répandues. Les recherches conduites en Côte d’Ivoire privilégient souvent Abidjan et Agnibilékro comme sites d’étude en raison du niveau élevé de prévalence dans ces localités.

Malgré l’urgence, la situation nationale reste critique : moins de 4 % de la population a été dépistée et moins de 1 % des personnes contaminées ont pu bénéficier d’un traitement, des chiffres largement en deçà de l’objectif de 65 % fixé par l’OMS à l’horizon 2030.

Auguste BEUGRE

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