Abidjan, le lundi 03 novembre 2025(SS)-Une variété de patate douce à chair orange (PDCO), mise au point par des chercheurs du Centre national de recherche agronomique (CNRA) en collaboration avec l’organisation Helen Keller International, s’impose comme une solution à la carence en vitamine A souvent constaté chez la femme enceinte, révèle un article publié récemment par scidev.net
Selon cet article, la nouvelle patate douce mise au point par des chercheurs ivoiriens dispose de plusieurs vertus thérapeutiques. Consommée sous forme de ragoût ou de bouillie après avoir été transformée en farine participe à la résolution de la carence en vitamine A des femmes enceintes et des nouvelles mères. Elle aide également à faire face à la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans, précise scidev.
Pkayirigué Adama Sékongo, coordinateur terrain chez Helen Keller International à Korhogo, soutient : « La carence en vitamine A menace la santé des femmes enceintes et des nouvelles mamans, car elle contribue à la mortalité maternelle et aux mauvais résultats en matière de santé pendant la grossesse et l’allaitement ». Et d’ajouter : « La PDCO est riche en béta carotène et en vitamine A qui sont des micro-nutriments essentiels pour la prévention de la malnutrition et de la cécité. La vitamine A améliore en outre la croissance des enfants et renforce leur système immunitaire », explique M. Pkayirigué .
À en croire les responsables d’Helen Keller international, « la disponibilité de la Patate douce à chair orange (PDCO) dans les ménages fournirait aux femmes une source importante et peu coûteuse de provitamine A comme base pour la préparation des aliments de plus grande valeur nutritionnelle ».)
Pour Evrard Brice Dibi Konan, spécialiste de la patate douce et point focal du Réseau international sur la patate douce au CNRA, cette variété de la patate douce a un grand atout qui est son côté nutritionnel, avec des éléments minéraux, des vitamines et une richesse en antioxydants.
Il souligne, en outre, que la forme de provitamine A que contient la PDCO « coûte moins cher que les complémentations chimiques et est facile à cultiver. La patate douce elle-même contient beaucoup de fibres qui retiennent le sucre naturellement présent dans la chair et stabilise la glycémie. », soutient-il.
Dorcas Soro, présidente du groupement des femmes productrices de Komborodougou dans le nord du pays témoigne des bienfaits de la patate douce à chair orange (PDCO).
« Cela fait trois ans que j’ai connu cette patate. Aujourd’hui, les femmes ne conduisent plus beaucoup trop les enfants en consultation médicale pour les questions de malnutrition. Or, auparavant, on avait des cas sévères mais ces derniers temps, cela n’est plus arrivé », explique-t-elle.
Contrairement à un certain mythe, la patate douce est aussi un aliment souvent recommandé aux diabétiques. « Car elle a un indice glycémique (IG) plus faible que beaucoup d’autres féculents. Cela est dû en partie à sa teneur élevée en fibres », fait savoir Jules Kouassi, spécialiste de santé publique et nutrition.
Aussi, révèle -t-il, les patates douces stabilisent le taux de glycémie en diminuant la résistance à l’insuline grâce aux sucres naturels et aux fibres qu’elles contiennent.
Pour autant, « il n’y a pas suffisamment de preuves sur l’efficacité de l’utilisation de la patate douce pour le traitement du diabète sucré de type 2 », ajoute l’enseignant chercheur à la chaire Unesco de l’université Félix Houphouët-Boigny à Abidjan-Cocody.
L’introduction de la PDCO en Côte d’Ivoire a été motivée par la forte prévalence de la malnutrition observée dans le pays, selon des enquêtes menées en 2009 et 2010. Avec notamment 12,6% des ménages qui étaient confrontés à une insécurité alimentaire, un tiers des enfants de moins de 5 ans touchés par une malnutrition chronique et 5% par une malnutrition aiguë.
Ainsi, de 2017 à 2023, près de 80 groupements agricoles féminins ont été mis à contribution pour la production, puis la multiplication des boutures de cette variété de patate douce en vue de sa vulgarisation sur l’ensemble du territoire ivoirien.
La facilité de cultiver la PDCO, a suscité un vif intérêt de la population (du Nord au Sud ), avec un rendement allant de 20 à 30 tonnes sur une période de 3 à 4 mois ; donc un cycle de production court, note scidev.
Rish Koffi

