Un nouveau traitement révolutionnaire contre le cancer, appelé Flash, pourrait offrir une alternative plus efficace et moins toxique à la radiothérapie conventionnelle, rapporte BBC Afrique.
- Flash, une nouvelle technologie développée au Cern, administre des radiations en moins d’une seconde, offrant un traitement plus rapide et moins toxique contre le cancer (BBC Afrique).
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Des essais cliniques aux États-Unis et en Suisse montrent une réduction des effets secondaires et ouvrent des perspectives pour les cancers complexes (Nature).
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Son accessibilité reste un défi majeur, avec un manque d’équipements en Afrique subsaharienne, accentuant les inégalités face aux soins (Commission d’oncologie du Lancet).
Selon une étude publiée dans Nature, cette technologie promet de traiter plus de cancers, y compris des tumeurs complexes, en délivrant des radiations en moins d’une seconde.
Développée au Cern, en Suisse, elle repose sur l’expertise en accélération de particules, utilisée notamment pour la découverte du boson de Higgs.
BBC précise que Flash a été mis au point il y a onze ans par Marie-Catherine Vozenin et d’autres chercheurs. Ils ont démontré qu’il pouvait cibler et détruire des tumeurs tout en préservant les tissus sains. Grâce à des doses ultra-rapides cette approche a immédiatement suscité l’intérêt des scientifiques. Des essais sur des animaux, puis sur des humains, ont montré une réduction des effets secondaires habituels, ajoute l’organe.
Contrairement aux méthodes traditionnelles nécessitant plusieurs séances, Flash pourrait traiter certains cancers en une seule exposition, améliorant ainsi le confort des patients. Il limiterait notamment les séquelles neurologiques chez les enfants atteints de tumeurs cérébrales. En permettant l’administration de doses plus élevées sans endommager les tissus sains, il ouvre aussi des perspectives pour les cancers difficiles, comme ceux du cerveau ou des os.
Les essais cliniques s’intensifient dans plusieurs centres médicaux. Aux États-Unis, l’hôpital pour enfants de Cincinnati teste Flash sur des cancers métastatiques, tandis qu’en Suisse, des chercheurs l’expérimentent sur le cancer de la peau. L’enjeu est d’identifier le type de rayonnement optimal à utiliser : protons, électrons ou ions carbone, chacun ayant des avantages selon la nature des tumeurs.
Un défi majeur reste l’accessibilité de cette technologie. Les accélérateurs de particules sont coûteux et peu nombreux, limitant la disponibilité du traitement. Des efforts sont en cours pour miniaturiser les équipements et les rendre plus accessibles, grâce à des collaborations entre centres de recherche et entreprises privées.
"Seuls 10 % des patients atteints de cancer dans les pays à faible revenu ont accès à la radiothérapie, contre 90 % dans les pays à revenu élevé", explique Lisa Stevens, de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Lors du Congrès mondial sur le cancer organisé par l’UICC en septembre, Katy Graef, de Bio Ventures for Global Health, a mis en avant le "fossé de la radiothérapie". S’appuyant sur les données de la Commission d’oncologie du Lancet, elle souligne qu’en Afrique subsaharienne, seuls 195 appareils de radiothérapie sont disponibles, contre 4 172 en Amérique du Nord.
Flash pose ainsi la question des inégalités d’accès aux soins. Alors que les pays développés bénéficient déjà de cette avancée, l’Afrique subsaharienne manque cruellement d’équipements. Avec l’augmentation prévue des cas de cancer, la démocratisation de cette technologie pourrait jouer un rôle clé dans la lutte mondiale contre la maladie.
Auguste Beugré