La Haute Autorité de santé (HAS) française a mis en garde, le mercredi 26 février 2025, contre les effets spécifiques de la consommation d’alcool chez les femmes. Elle souligne que celles-ci subissent des dommages plus graves, plus rapides et parfois distincts, notamment un risque accru de cancer du sein.
Sur le plan social, la HAS observe que les femmes confrontées à des difficultés liées à l’alcool sont jugées plus sévèrement que les hommes. Celles-ci rencontrent également une sous-évaluation médicale de leur situation et un accès plus limité aux aides disponibles.
L’instance met aussi en lumière l’impact de la consommation d’alcool chez les hommes au moment de la conception. Elle rappelle que les troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale peuvent être liés à la toxicité de l’alcool transmise par les spermatozoïdes, et non uniquement à la consommation maternelle durant la grossesse.
La HAS insiste sur le fait que l’alcool constitue un enjeu de santé globale pour les femmes, dès leur plus jeune âge et tout au long de leur vie. Son impact hormonal, ses effets sur la vie génitale, la santé sexuelle, la fertilité, la grossesse et la périnatalité, ainsi que son rôle cancérigène, sont autant de facteurs préoccupants, souligne-t-elle.
Par principe de précaution, l’Autorité recommande l’arrêt total de la consommation d’alcool dès le désir de conception ou l’arrêt de la contraception. « Cette abstinence devrait être maintenue jusqu’à la fin de l’allaitement pour les femmes et jusqu’au diagnostic de grossesse pour les hommes », conseille la HAS.
Par ailleurs, elle alerte sur l’exposition accrue des femmes aux violences intrafamiliales et aux agressions, notamment sexuelles, en lien avec la consommation d’alcool dans leur entourage. Elle souligne également que l’anxiété, la dépression et les traumatismes, notamment sexuels, sont des facteurs de risque favorisant la consommation d’alcool. Ces troubles, plus fréquents chez les femmes, sont exacerbés par des pressions sociales et des injonctions normatives sources de stress, de stigmatisation et de honte.
Face à ces constats, l’Autorité appelle à une sensibilisation renforcée des professionnels de santé – médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, diététiciens et travailleurs sociaux – afin de mieux prendre en compte les spécificités de l’exposition des femmes à l’alcool, au-delà des seules périodes de grossesse et de maternité.
À l’échelle mondiale, la consommation d’alcool a entraîné environ 3 millions de décès en 2016, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), faisant de cette problématique un enjeu majeur de santé publique.
À quantité égale, les femmes atteignent généralement une alcoolémie plus élevé que les hommes. Cette différence s’explique par une composition corporelle différente : un taux de graisse plus important et une teneur en eau plus faible influencent le métabolisme de l’alcool, explique Kim Brière-Charest, directrice des projets sur les substances psychoactives à l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ), citée par le média montougo.ca.
L’alcool, largement intégré dans les interactions sociales, est consommé par une majorité de la population. Une enquête menée par Santé Canada en 2017 révèle que 77 % des femmes interrogées avaient consommé de l’alcool au cours de l’année précédente. Pourtant, au-delà de son effet désinhibant et anxiolytique, l’alcool reste une drogue dépressive qui ralentit les fonctions cérébrales, altérant la réflexion, le comportement, la respiration et le rythme cardiaque. Une consommation excessive peut ainsi entraîner une perte de motricité, un ralentissement des réflexes et une altération du jugement.
Auguste Beugré