La problématique de l’aménagement des espaces publics à Bamako était au cœur d’une conférence animée ce mercredi 27 août 2025 par le professeur Abdoulaye Deyoko, urbaniste et promoteur de l’Ecole Supérieure de l’Ingénierie, de l’Architecture et de l’Urbanisme (ESIAU) de Bamako. Organisée dans l’enceinte du Point Sud, un centre de recherche axé sur le savoir local, la rencontre a réuni Urbanistes, Géographes, Sociologues, Historiens, Anthropologues, Doctorants, acteurs de la société civile et simples citoyens.
Intitulée « Le problème d'aménagement des espaces publics à Bamako », elle avait pour objectif d’ouvrir un débat sur la qualité, l’accessibilité et la gestion des espaces communs dans une ville en pleine croissance démographique et urbanistique.
Des espaces publics menacés par l’anarchie urbaine
Dans sa présentation, le professeur Deyoko a fait un constat alarmant. « Bamako est aujourd’hui une ville qui s’étouffe. L’espace public, qui devrait être un lieu de vie, de rencontre et de respiration est peu à peu grignoté par l’urbanisation incontrôlée, les occupations illicites et le manque de planification. », a-t-il déploré, rappelant que les rares espaces verts existants sont mal entretenus, souvent transformés en parking ou en zone de commerce informel. Les voies piétonnes sont quasi inexistantes et les places publiques ne répondent plus aux besoins des populations.
Fatoumata Konaté, architecte urbaniste, a salué l’initiative tout en soulignant : « Il y a un vrai besoin d’éducation citoyenne sur l’usage des espaces publics. Trop souvent, ces lieux sont perçus comme des espaces vides à occuper plutôt que des biens communs à préserver. »
Bakary Traoré, Doctorant en Anthropologie, a insisté sur l’aspect social de la question. « L’espace public, c’est aussi un espace de dialogue, de culture, de mixité sociale. Sa dégradation alimente l’isolement et les tensions entre habitants. », a-t-il dit.
Des participants ont exprimé leur désarroi face à la situation : « Nous aussi, nous voulons des espaces propres et bien aménagés, mais nous n’avons pas d’alternatives. Nous sommes obligés de vendre là où c’est possible, faute de plan d’organisation ».
Des pistes de solutions proposées
Le professeur Deyoko a évoqué des pistes de réforme appelant à une meilleure collaboration entre les municipalités, les urbanistes, et les communautés locales. Il a notamment proposé : l’élaboration d’un schéma directeur clair pour la gestion des espaces publics ; l’instauration de comités de gestion communautaire pour entretenir ces lieux ; la relance de politiques d’aménagement participatif incluant les jeunes et les femmes.
Il a terminé en lançant un appel à la responsabilité citoyenne malienne. « L’espace public, c’est le reflet de notre vivre-ensemble. Si nous le négligeons, c’est notre cohésion qui en pâtit », a plaidé l’urbaniste.
La conférence s’est achevée par un débat ouvert, riche en propositions. De nombreux participants ont exprimé leur souhait de voir ces échanges déboucher sur des actions concrètes.
Fabrice Nouzianyovo