Bamako, le mardi 21 octobre 2025(SS)-Des scientifiques américains ont mis au point des lymphocytes NK génétiquement modifiés, capables non seulement de cibler et éliminer rapidement des tumeurs, mais aussi d’échapper aux défenses immunitaires du patient. Une percée qui pourrait transformer la prise en charge des cancers.
• Une équipe de chercheurs a développé des cellules « CAR-NK 2.0 » prêtes à l’emploi et résistantes au rejet immunitaire.
• Ces cellules combinent un récepteur antigénique chimérique (CAR) ciblant les cellules cancéreuses et un mécanisme d’évasion du système immunitaire.
• Elles ont presque éliminé des tumeurs de type lymphome chez les animaux, ouvrant la voie à des essais humains.
Contexte et technologie CAR
Le traitement par immunothérapie a profondément évolué grâce aux cellules CAR-T (Chimeric Antigen Receptor T cell) : des lymphocytes T du patient modifiés pour attaquer spécifiquement des cellules tumorales.
Cependant, les CAR-T présentent des limites : longue préparation, risque de rejet ou de complications comme le syndrome de libération de cytokines, et coût élevé.
Face à ces limites, les chercheurs se sont intéressés aux lymphocytes NK (Natural Killer) : des cellules immunitaires capables de reconnaître et détruire des cellules anormales ou infectées sans besoin d’activation spécifique. En les modifiant génétiquement pour exprimer un CAR, on obtient des cellules CAR-NK.
L’innovation : des cellules prêtes à l’emploi et « invisibles »
L’étude à l’origine de cette publication décrit une version avancée de CAR-NK. Selon les auteurs :
• Ces cellules sont issues de donneurs sains, et donc peuvent être stockées “prêtes à l’emploi” (allogéniques) plutôt que fabriquées à partir du patient lui-même.
• Elles ont été conçues pour éviter le rejet immunitaire : en modifiant l’expression des molécules HLA de classe I à leur surface, les cellules échappent à la reconnaissance par le système immunitaire du receveur.
• Elles ont montré une efficacité remarquable dans des modèles animaux : injection après diagnostic, prolifération in vitro, puis destruction quasi totale des tumeurs.
• Le profil de sécurité semble amélioré : moins de syndrome de libération de cytokines, et apparemment meilleure tolérance.
Résultats marquants
Les expériences conduites sur des souris ayant des lymphomes ont montré :
• Les cellules CAR-NK modifiées ont survécu dans l’organisme du receveur, sans être éliminées par son système immunitaire.
• Elles ont ainsi pu éliminer les cellules tumorales presque totalement en trois semaines, là où les CAR-NK “classiques” ou non modifiées n’avaient pas cette performance.
• Les effets secondaires ont été réduits, ce qui ouvre la voie à un traitement potentiellement plus sûr.
Enjeux et perspectives
Un traitement plus accessible ? Le fait que ces cellules soient “prêtes à l’emploi” permettrait de contourner la personnalisation coûteuse et longue des CAR-T. Vers une application large ? Si la sécurité et l’efficacité sont confirmées chez l’humain, cette technologie pourrait s’étendre à de nombreux types de cancers, pas seulement les leucémies ou lymphomes.
Défis à venir :
• Valider les résultats chez l’humain : les essais cliniques sont nécessaires.
• Assurer la longévité et la persistance des cellules modifiées pour éviter les rechutes.
• Veiller à ce que le coût reste accessible, notamment dans les pays à ressources limitées.
• Réguler les aspects éthiques liés à la modification génétique des cellules immunitaires.
Encadré :
Élément Détail
Type de cellules Lymphocytes NK modifiés expressant un récepteur antigénique chimérique (CAR-NK)
Objectif Cibler et éliminer les cellules tumorales tout en échappant au système immunitaire du patient
Source MIT & Harvard Medical School, publication dans Nature Communications
Avantages annoncés Disponibles « clé en main », moins de rejet, profil de sécurité amélioré
Statut Recherche préclinique (modèles animaux) – Vers essais cliniques humains
L’étude récemment publiée marque une étape majeure dans la lutte contre le cancer. En concevant des cellules CAR-NK à la fois ultra-ciblées et capables d’échapper au système immunitaire du patient, les chercheurs ouvrent la voie à des traitements plus sûrs, plus rapides et potentiellement plus accessibles. La route vers la clinicalisation reste à franchir, mais l’espoir d’une nouvelle génération d’immunothérapies est aujourd’hui bien réel.
Dr Mazo