Abidjan, le mardi 21 octobre 2025 (Science et Société)-L’Afrique marque un tournant historique dans la gouvernance scientifique mondiale avec le lancement officiel de la première norme internationale de Bonnes Pratiques en Gestion de la Recherche (GRMP). Une innovation majeure qui consacre le continent comme pionnier dans la définition de l’excellence et de la rigueur en recherche.
Un jalon pour la gouvernance scientifique africaine
Fruit d’un partenariat entre la Science for Africa Foundation (SFA Foundation) et l’Organisation africaine de normalisation (ARSO), la norme ARS 1024:2025 GRMP a été officiellement lancée le 16 octobre 2025. Elle propose un cadre structuré pour améliorer la gouvernance, la gestion, la transparence et l’éthique dans les institutions de recherche africaines.
Publiée initialement en juin 2025 lors de la 31ᵉ Assemblée générale de l’ARSO à Zanzibar, la norme codifie pour la première fois un ensemble de principes communs adaptés aux réalités africaines.
« C’est une réalisation historique pour le leadership scientifique africain », a déclaré Pr Tom Kariuki, directeur général de la SFA Foundation. « Cette norme est le fruit de sept années de travail collectif. Elle donne à nos institutions les outils pour non seulement atteindre les standards internationaux, mais aussi pour les définir. », a-t-il ajouté.
Un modèle africain pour un standard mondial
La norme GRMP repose sur un modèle à huit composantes couvrant la gouvernance, le leadership, les infrastructures, la gestion financière, la formation, le suivi, la conformité et l’éthique.
Son objectif : professionnaliser la gestion de la recherche et réduire la dépendance vis-à-vis des cadres importés du Nord.
« La norme GRMP inverse la logique des modèles importés », souligne Dre Evelyn Gitau, directrice scientifique de la SFA Foundation, expliquant qu’il s’agit d’un référentiel conçu par l’Afrique, pour l’Afrique, et désormais pour le monde.
Un outil pour les chercheurs, les étudiants et les institutions
Pour les chercheurs, doctorants et gestionnaires de laboratoires, cette norme représente un outil concret d’évaluation et d’amélioration continue. Elle favorise la transparence dans la gestion des projets, la rigueur éthique, et la création d’environnements de recherche durables.
Avec seulement 20 chercheurs en santé pour un million d’habitants en Afrique, contre 246 en Europe, la norme vise à renforcer la capacité institutionnelle, la formation des jeunes scientifiques et la crédibilité des universités africaines dans les partenariats internationaux.
« La recherche moderne requiert des systèmes solides de gestion et de responsabilité », rappelle Allen Mukhwana, responsable des programmes à la SFA Foundation. Et d’ajouter : « Le GRMP permet aux institutions africaines de gérer efficacement les ressources et de répondre aux attentes des bailleurs et des communautés. »
Appel à l’adoption par les États et universités
Présidant la cérémonie, Pr Shaukat Abdulrazak, secrétaire principal du Département de la Science et de l’Innovation du Kenya, a appelé les gouvernements africains à être les premiers à adopter cette norme. « Une bonne recherche repose sur une bonne gestion », a-t-il affirmé. Pour lui, elle doit être vue non pas comme un document administratif, mais comme une discipline scientifique.
Il a précisé que la norme s’inscrit dans la Stratégie de l’Union africaine pour la science, la technologie et l’innovation (STISA-2024), et a exhorté les pays à investir au moins 1 % de leur PIB dans la recherche et l’innovation, avec des mécanismes de suivi transparents.
Vers une science africaine crédible et compétitive
Pour encourager son adoption, la SFA Foundation a lancé plusieurs outils : un guide de mise en œuvre, un programme de formation, un portail d’autoévaluation et un système de certification visant à alléger les audits et renforcer la confiance entre institutions et bailleurs.
« Ce lancement n’est pas une fin, mais un commencement. L’Afrique doit désormais montrer qu’elle peut diriger la recherche mondiale avec professionnalisme, pertinence et confiance. », a estimé Pr Kariuki.
Avec la norme GRMP, le continent s’affirme comme un acteur central de la gouvernance scientifique mondiale, capable de définir ses propres standards d’excellence, au bénéfice des chercheurs, des étudiants et des générations futures.
Rédaction