Une équipe de chercheurs danois a mis en lumière une découverte aussi fascinante que prometteuse : une mutation génétique humaine, vieille de plusieurs millénaires, conférerait aujourd’hui une protection naturelle contre le VIH, le , responsable du SIDA.
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Cette mutation, connue sous le nom de CCR5-Δ32, est au cœur d’une recherche dirigée par le Centre Novo Nordisk pour la recherche métabolique de base (CBMR) à l’Université de Copenhague (Danemark). Les scientifiques y révèlent que cette variation génétique est apparue il y a entre 6 700 et 9 000 ans, dans une région proche de la mer Noire, avant de se diffuser progressivement dans les populations d’Europe du Nord.
“Nous avons analysé les restes de près de 900 anciens individus du Néolithique jusqu’aux Vikings pour comprendre comment cette mutation s’est répandue dans les populations humaines modernes”, explique Hugh Watkins, l’un des co-auteurs de l’étude.
Une mutation
Aujourd’hui, environ 18 à 25 % des Danois portent au moins une copie de cette mutation, tandis que 1 % en possède deux copies, ce qui rend ces personnes quasi-immunisées contre l’infection par le VIH.
La mutation agit en empêchant le virus d’accéder aux cellules immunitaires en bloquant un récepteur appelé CCR5, que le VIH utilise comme une porte d’entrée pour infecter son hôte.
“C’est une des rares mutations humaines connues à offrir une protection aussi directe contre un virus mortel”, souligne le Dr. Lasse Vinner, expert en virologie évolutive.
Pathogènes virulents du passé
Mais pourquoi une mutation apparue bien avant l’émergence du VIH il y a quelques décennies offrirait-elle une telle protection ? Les chercheurs avancent l’hypothèse que d’autres pathogènes virulents du passé, comme la variole ou la peste, auraient exercé une pression de sélection naturelle, favorisant la survie des porteurs de cette mutation.
Cette découverte ouvre la voie à des applications biomédicales : des traitements ou des approches de thérapie génique inspirés de la mutation CCR5-Δ32 sont déjà en développement, et certains essais cliniques ont montré des résultats prometteurs dans l’édition du gène CCR5 chez des patients séropositifs.
Science, éthique et avenir
En 2018, le chercheur chinois He Jiankui avait provoqué une onde de choc dans la communauté scientifique mondiale après avoir modifié le gène CCR5 chez deux jumelles dans une tentative controversée de les immuniser contre le VIH. L’affaire avait soulevé d’importants débats éthiques, mais aussi rappelé à quel point les mutations naturelles peuvent inspirer des thérapies nouvelles, quand elles sont abordées dans un cadre rigoureux et éthique.
???? Références
- ScienceDaily – "7,000-year-old mutation protects against HIV"
- Université de Copenhague – Novo Nordisk Foundation Center for Basic Metabolic Research
- Novembre 2018 – BBC News: "China 'gene-edited babies': What we know"
Dr. Mazo KONE