Les excréments humains représentent une ressource énergétique sous-exploitée, particulièrement dans les pays en développement. Selon le Programme des Nations Unies au Togo, chaque individu produit environ 150 grammes de fèces par jour. Transformées en biogaz, ces matières fécales pourraient contribuer à la transition énergétique et réduire la dépendance aux combustibles fossiles.
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Lecture rapide
Transformer les excréments en biogaz, une alternative énergétique viable, écologique et rentable.
Les biogaz fécaux constituent une alternative durable qui pourrait générer entre 200 et 300 millions d’euros par an.
Une biodiversité plus équilibrée réduit les gaz à effet de serre.
L’Organisation mondiale de la santé-OMS soutient qu’environ 2,4 milliards de personnes ne disposent toujours pas de toilettes ou de latrines. Parmi elles, 946 millions défèquent à l’air libre, par exemple dans les caniveaux, derrière des buissons ou dans des plans d’eau. Or, la défécation à l’air libre contamine les sources d’eau à proximité. Un assainissement insuffisant est associé à la transmission de diverses maladies, comme le choléra, la diarrhée, la dysenterie, l’hépatite A, la typhoïde et la poliomyélite.
Méthanisation
Le programme des Nations Unies estime que le méthane issu des déjections humaines pourrait valoir jusqu'à 9,5 milliards de dollars. L’exploitation des biogaz fécaux constitue une alternative durable qui pourrait générer entre 200 et 300 millions d’euros par an. En utilisant ces ressources, des millions de foyers pourraient être alimentés en énergie, réduisant ainsi la déforestation et la consommation de charbon. L’Institute for Water, Environment & Health, indique que la récupération des déjections d’un milliard de personnes sans accès aux toilettes, dont 600 millions en Inde, permettrait d’alimenter jusqu'à 18 millions de foyers en électricité.
Le processus de transformation des excréments humains, selon l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), repose sur la méthanisation. Qui se déroule comme suit : les bactéries méthanogènes décomposent la matière organique en conditions anaérobies, produisant un mélange de méthane (60 %) et de CO₂ (40 %). Ce biogaz, dont la valeur thermique atteint 25 MJ/kg, peut être utilisé pour la cuisson, l’éclairage ou comme carburant après purification. Une quantité de 1,33 à 1,87 m³ de biogaz équivaut à un litre d’essence.
Exploiter cette énergie
Des initiatives innovantes voient le jour pour exploiter cette énergie. En Angleterre, la société GENeco a mis en circulation un bus fonctionnant au biogaz issu des excréments et des déchets alimentaires. Ce véhicule réduit de 80 % les émissions d’oxydes d’azote et de 20 à 30 % celles de CO₂ par rapport à un moteur diesel (BFM TV, 2015). De son côté, l’entreprise kenyane Sanivation produit des briquettes de charbon à partir des déjections humaines, permettant de préserver l’environnement et d’améliorer l’accès à l’assainissement, rapporte Radio France International.
Système d’Information Énergétique du Togo révèle qu’en Afrique, où 90,1 % des Togolais dépendent encore du bois pour le chauffage. De ce fait l’organisation estime que la biométhanisation représente une solution durable. Elle permettrait de lutter contre la déforestation et d’éviter la pollution marine due au déversement des boues de vidange. De plus, la gestion des déjections humaines réduit les risques sanitaires liés à la défécation en plein air et aux maladies hydriques.
Plusieurs obstacles… risques d’incendie
Cependant, plusieurs obstacles freinent la vulgarisation de cette technologie. Au Togo, les expériences de méthanisation ont échoué en raison d’un manque de maîtrise technologique, d’une faible production de matière organique et de barrières culturelles. L'idée d’utiliser des excréments comme source d’énergie est encore perçue comme un tabou par une partie de la population.
Les risques liés à la biométhanisation ne sont pas négligeables. Le biogaz contient des impuretés comme le sulfure d’hydrogène (H₂S), qui peut provoquer la corrosion des équipements et des intoxications graves. De plus, le stockage du méthane pose des risques d’incendie et d’explosion. Une mauvaise gestion des installations peut également entraîner des fuites de gaz nocifs, augmentant ainsi les dangers pour l’environnement et la santé publique, précise la FAO.
Malgré ces défis, la biométhanisation des excréments humains pourrait révolutionner l’accès à l’énergie dans de nombreux pays en développement. Grâce aux efforts des organisations comme le Climate and Clean Air Coalition, qui vise une réduction de 30 % des émissions de méthane d’ici 2030, cette solution pourrait s’imposer comme un levier essentiel pour un avenir énergétique plus propre et plus durable.
Auguste BEUGRE
>>>La source : site internet ou rapport