Les négociations pour un traité mondial contre la pollution plastique à Genève ont pris fin dans un climat tendu et de désaccord. Alors que la rencontre de Genève espérait un accord ambitieux, le projet de texte présenté, le mercredi 13 août a déclenché une vague de critiques, en raison de l’absence de mesures contraignantes sur la production de plastique et la régulation des substances chimiques.
La seconde partie de la cinquième session du Comité intergouvernemental de négociation (INC-5.2), tenue du 5 au 14 août 2025 au Palais des Nations à Genève, visait à finaliser un traité juridiquement contraignant contre la pollution plastique couvrant l’ensemble du cycle de vie des plastiques, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et le Réseau environnemental de Genève.
Comme le rapporte Associated Press (AP) et The Guardian le texte ne contient aucune limite sur la production de plastique, ni dispositions relatives aux substances chimiques toxiques présentes dans ces produits. Lors de la séance plénière(mercredi soir), la délégation colombienne a rejeté en bloc ce texte, estimant qu’il est « déséquilibré » et « manque d’ambition », d’après AP.
Plusieurs délégations – Mexique, Chili, Ghana, Canada, Norvège, Royaume-Uni, Union européenne et petits États insulaires en développement – ont exprimé la même position, selon The Guardian.
La commissaire européenne à l’Environnement, Jessika Roswall, a déclaré que « le texte sur la table n’est pas acceptable pour l’UE », tandis que le ministre danois de l’Environnement Magnus Heunicke a affirmé sur les réseaux sociaux que ce texte « n’atteint pas le minimum nécessaire » pour relever le défi mondial du plastique, toujours selon les informations de AP.
La représentante du Canada, Erin Silsbe, a ajouté que le projet « n’est pas acceptable pour les générations futures », toujours explique AP.
En face, plusieurs pays producteurs de pétrole et de gaz, Arabie saoudite, Koweït, Qatar – ainsi que les États-Unis, ont exprimé des préoccupations différentes. Ils jugent que le texte ne définit pas assez précisément les paramètres et les termes du traité, relève Financial Times. Les États-Unis ont déclaré que six articles franchissaient leurs « lignes rouges », sans préciser lesquelles, d’après The Guardian. Ces pays privilégient une approche centrée sur la gestion des déchets, le recyclage et la réutilisation, plutôt que sur des réductions directes de la production de plastique.
Cette division recoupe la fracture entre la High Ambition Coalition – menée par la Norvège et le Rwanda, avec l’appui de l’UE, du Royaume-Uni, du Canada, du Japon et de l’Australie – qui plaide pour des plafonds de production, et les pays du Golfe, rejoints par la Chine, l’Inde, la Russie et les États-Unis, qui jugent ces mesures trop contraignantes, selon Mongabay et le PNUE. Le processus de négociation se heurte à la règle du consensus, où un seul pays peut bloquer un accord, rappelle le Réseau environnemental de Genève.
En marge des discussions, des ONG comme WWF et Greenpeace ont organisé des actions symboliques à Genève pour dénoncer l’influence des lobbies pétrochimiques : un tapis roulant de déchets plastiques a été installé devant le siège de l’ONU, et des militants ont escaladé des bâtiments, a observé AP.
Il faut noter que ce sont 184 pays qui sont présents à Genève pour décider du sort de l’humanité en matière de déchets plastiques.
Auguste Beugré