Une étude conduite par Fatoumata Bass Doucouré et son équipe (Lassana Touré, Ousmane Konipo, Atoumane Diagne), publiée dans la Revue africaine des sciences agricoles et environnementales (Vol. 2, N°1, août 2025), met en lumière les disparités d’efficacité technique et économique entre les différents systèmes d’exploitation rizicole dans la zone Office Riz de Ségou (Mali).
Cette recherche menée avec l'appui de plusieurs institutions académiques telles que l’Université de Ségou, l’Institut de Pédagogie Universitaire ainsi que l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar s’est intéressée à trois types de périmètres irrigués à Dioro, en particulier les petits périmètres irrigués par pompage, pour en évaluer la performance.
Échantillon de 200 exploitants rizicoles
Basée sur une analyse économétrique de la fonction de production à la frontière stochastique de type Cobb-Douglas, l’étude a concerné un échantillon de 200 exploitants rizicoles. Les chercheurs ont évalué l’impact de plusieurs facteurs de production, notamment la quantité de semences, d’engrais chimiques (urée, DAP, NPK), d’engrais organiques (fumure, Fertinova) et la superficie exploitée. Les résultats démontrent que toutes ces variables ont un effet positif et significatif sur l’atteinte de la frontière de production, indiquant un potentiel de productivité encore sous-exploité chez de nombreux riziculteurs.
Ecarts notables
L’analyse comparative de l’efficacité technique révèle des écarts notables :
• Grands périmètres irrigués en maîtrise totale de l’eau : 81 % d’efficacité technique,
• Petits périmètres irrigués par pompage : 73 %,
• Grands périmètres irrigués en submersion contrôlée : 69 %
Ces résultats soulignent les limites structurelles et techniques rencontrées dans les petits périmètres irrigués par pompage, malgré un potentiel non négligeable. Au-delà des intrants agricoles, l’étude montre que des facteurs socio-économiques comme la taille du périmètre irrigué, le mode d’exploitation, l’activité secondaire du chef d’exploitation, son âge, sa situation matrimoniale et son niveau d’instruction influencent positivement l’efficacité technique. Une meilleure prise en compte de ces éléments pourrait permettre d’élaborer des politiques agricoles plus ciblées.
Différences de performances
Du point de vue économique, les marges nettes dégagées par hectare confirment les différences de performances :
• Grands périmètres en maîtrise totale de l’eau : 172 943 FCFA/ha,
• Grands périmètres en submersion contrôlée : 158 182 FCFA/ha
• Petits périmètres irrigués par pompage : 101 465 FCFA/ha.
Ces chiffres traduisent une rentabilité plus faible des petits périmètres par pompage, souvent confrontés à des coûts de production plus élevés et à une gestion de l’eau moins efficace. Les auteurs de l’étude plaident pour un renforcement des appuis techniques et organisationnels dans les petits périmètres irrigués, en misant sur la formation des exploitants, l’amélioration de l’accès aux intrants de qualité et une gestion plus rationnelle de l’eau. En toile de fond, cette étude appelle à une reconsidération des politiques agricoles locales, afin de promouvoir une riziculture plus efficiente et durable dans la zone Office Riz de Ségou, et plus largement au Mali.
Fabrice Nouzianyovo