Longtemps restée discrète malgré des contributions importantes à la santé publique, la recherche biomédicale au Mali fait aujourd’hui l’objet d’un éclairage nouveau grâce à une thèse soutenue par Ismaëla Aviha Diakité. Intitulé « État de la recherche biomédicale au Mali, défis et perspectives », ce travail, co-dirigé par les professeurs Sidy Doumbia et Mahamadou Diakité, dresse un tableau de la situation actuelle du secteur en soulignant à la fois ses forces et ses faiblesses.
La recherche biomédicale est au cœur du progrès scientifique et sanitaire mondial. Elle permet des avancées déterminantes pour la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies. Le Mali, bien que confronté à beaucoup de contraintes, s’inscrit dans cette dynamique depuis plusieurs décennies.
À travers une étude transversale descriptive menée dans plusieurs centres de recherche biomédicale de Bamako, Ismaëla Aviha Diakité a recueilli des données à l’aide d’un questionnaire semi-structuré. Son enquête met en lumière la place prépondérante de la recherche clinique suivie par la recherche fondamentale, dans les institutions maliennes.
Cependant, l’étude révèle une forte dépendance au financement international. « La quasi-totalité des projets sont soutenus par des bailleurs étrangers. L’apport de l’État malien reste limité, ce qui freine le développement autonome du secteur », constate l’auteur. Une situation qui soulève des inquiétudes quant à la durabilité et à l’orientation des recherches, parfois dictées par les priorités des partenaires extérieurs.
Autre défi de taille : le manque d’infrastructures adéquates et le déficit de personnel qualifié. Ces insuffisances impactent la capacité des centres de recherche à mener des études à grande échelle ou à innover. Pourtant, le potentiel est réel. Le Mali dispose de chercheurs expérimentés, de centres de référence, et d’une position stratégique en Afrique de l’Ouest qui pourrait en faire un pôle régional en matière de recherche biomédicale.
Face à ces constats, la thèse appelle à une meilleure implication de l’État malien dans la promotion de la recherche scientifique, par l’augmentation du budget alloué au secteur, la formation des jeunes chercheurs et l’amélioration des infrastructures.
En dépit des obstacles, les perspectives restent encourageantes. L’intérêt croissant pour les collaborations internationales, l’émergence de nouvelles technologies et l'engagement de la jeunesse scientifique donnent des raisons d’espérer. La recherche biomédicale malienne est en marche. Encore faut-il lui donner les moyens de ses ambitions.
Fabrice Nouzianyovo
Quelques références bibliographiques
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