DECEMBER 9, 2022
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Hong Kong : des mini-cœurs humains cultivés dans des embryons de porc pour la première fois

Hong Kong : des mini-cœurs humains cultivés dans des embryons de porc pour la première fois

Lors de la conférence internationale sur les cellules souches tenue à Hong Kong du 11 au 14 juin 2025, une équipe de chercheurs chinois a présenté une avancée scientifique d’envergure : le développement de cœurs contenant des cellules humaines dans des embryons de porc pour la première fois. Cette prouesse a été rapportée par la revue scientifique Nature dans un article publié le 13 juin 2025.

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Selon Nature, l’expérience a été dirigée par le biologiste Lai Liangxue, spécialiste en biomédecine à l’Institut de Guangzhou de l’Académie chinoise des sciences. L’équipe de Lai a conçu des embryons de porc incapables de développer un cœur propre, en les modifiant génétiquement. Dans ces embryons « vides », les chercheurs ont injecté des cellules souches humaines reprogrammées pour survivre dans un environnement porcin. Une fois les embryons modifiés, ils ont été implantés dans des truies porteuses.

Au bout de plusieurs jours de développement, les scientifiques ont observé que les cœurs hybrides avaient atteint une taille similaire à celle d’un cœur humain au même stade embryonnaire, c’est-à-dire environ la taille d’un bout de doigt. Plus impressionnant encore : ces petits cœurs se sont mis à battre. Toutefois, cette activité n’a duré que jusqu’au 21e jour, moment à partir duquel les embryons n’ont plus survécu. Les chercheurs avancent l’hypothèse que l’incompatibilité entre les cellules humaines et le corps porcin pourrait avoir causé cet échec.

Selon Nature, il reste incertain si les cœurs créés contiennent uniquement des cellules humaines, une condition essentielle pour éviter le rejet lors d’une greffe. Le biologiste Hiromitsu Nakauchi souligne que ces données doivent encore être analysées. L’étude n’a pas encore été validée par une évaluation scientifique indépendante, précise Dr Lai.

Cette avancée s’inscrit dans une série d’expérimentations récentes visant à créer des organes humains à l’aide d’animaux génétiquement modifiés, le porc en tête. Ce choix s’explique par la grande proximité anatomique entre l’homme et le cochon, réduisant les risques de rejet lors de transplantations.

Plusieurs greffes de reins de porc ont été récemment réalisées sur des patients humains. Le 16 mars 2024, un homme de 62 ans greffé à Boston est décédé huit semaines plus tard d’un incident sans lien avec l’opération. Le 25 novembre, une femme de 53 ans a reçu un rein porcin à New York, retiré après 130 jours en raison d’un rejet tardif. Ces essais marquent une avancée malgré les limites encore observées, selon les informations rapportées par Tdg.ch.

Déjà en septembre 2023, des chercheurs chinois de l’Institut des sciences biomédicales et de la santé de Canton avaient publié dans la revue Cell Stem Cell les résultats d’une autre étude pionnière : le développement de reins contenant des cellules humaines dans des embryons de porc. Cette fois encore, les reins avaient été choisis en raison de leur développement précoce dans l’embryogenèse et de leur fréquence élevée dans les greffes humaines, souligne la même source.

Bien que toujours expérimentales, ces recherches offrent des espoirs face à la pénurie d’organes. Elles s’inscrivent dans une tendance à créer des organes humains via des animaux modifiés, notamment le porc. Ce dernier est privilégié en raison de sa compatibilité anatomique avec l’homme. Cela pourrait limiter les risques de rejet lors des greffes.

A. BEUGRE

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