DECEMBER 9, 2022
Environnement

Environnement : face à la pollution plastique, les pays africains exigent un traité mondial juste et contraignant à Genève

Environnement : face à la pollution plastique, les pays africains exigent un traité mondial juste et contraignant à Genève

La crise mondiale de la pollution plastique est au centre des échanges des représentants de près de 180 pays à Genève (Suisse), du 5 au 14 août, sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement de l'ONU. Les négociations qui se tiennent visent à aboutir à un accord juridiquement contraignant pour réduire la production et la consommation de plastique, ainsi qu'à promouvoir une économie circulaire.

A l’ouverture, les dirigeants africains ont exigé que ce sommet ne se limite pas à la gestion des déchets, mais inclue la réduction à la source de la production plastique, aujourd’hui dominée par certaines entreprises internationales.

« L’Afrique ne veut pas être la décharge du monde », a martelé Cecilia Abena Dapaah, ministre ghanéenne de l’Environnement. Pour elle, ce traité de Genève doit poser les bases d’un nouveau pacte mondial qui protège les ressources et les populations du continent Africain, rapporte 7info.

La délégation de la Côte d’Ivoire estime, pour sa part, que le plastique n’est pas seulement un problème, il peut devenir une ressource à condition de structurer un écosystème local de collecte, de transformation et de valorisation.

Ce pays d’Afrique de l’Ouest avait interdit dès 2014 la production, l’importation, la commercialisation et l’usage des sachets plastiques non biodégradables. Selon des chiffres fournis par le gouvernement ivoirien, la Côte d’Ivoire produit plus de 400 000 tonnes de déchets plastiques chaque année. Plus de 50% de ces déchets sont déversés directement dans la rue et moins de 5% sont recyclés. Le reste finit dans des décharges à ciel ouvert, polluant l’air, le sol, les cours d’eau, etc, précise l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.

En République Démocratique du Congo (RDC), "les eaux, les lacs, les fleuves sont pollués et les particules de plastique qui restent dans ces eaux polluées sont à l’origine de plusieurs maladies, notamment chez les enfants" a expliqué à l’AFP Robert Kitumaini Chikwanine, directeur exécutif de l’ONG Solidarité Protection droits de l’enfant, devant le siège de l’ONU.

A travers les réactions, il ressort de façon évidente que les populations africaines refusent que le Continent soit un grand dépotoir pour les autres pays du monde.

Dans un rapport paru lundi 4 août dans la revue médicale The Lancet, la pollution plastique est un "danger grave, croissant et sous-estimé" pour la santé qui coûte au monde au moins 1.500 milliards de dollars par an, ont averti des experts.

Philip Landrigan, épidémiologiste et pédiatre américain rappelle que la « crise » mondiale des plastiques est liée à la crise climatique, le plastique étant fabriqué à partir des combustibles fossiles.

« Il ne faut pas sous-estimer l’ampleur » de ces crises, estime-t-il. « Toutes deux provoquent aujourd’hui des maladies, des décès et des incapacités chez des dizaines de milliers de personnes. »

Selon le Média La Presse, la quantité de plastique produite dans le monde est passée de deux millions de tonnes en 1950 à 475 millions de tonnes en 2022. Si rien n’est fait, la consommation mondiale de plastique pourrait tripler d’ici 2060, indiquent les projections de l’OCDE. Or, moins de 10 % des déchets plastiques sont recyclés.

L’Afrique subit de plein fouet la pollution des cours d’eau, la dégradation des sols, la prolifération des déchets sauvages, ainsi que les impacts sanitaires croissants. Et certains dirigeants africains entendent porter haut les attentes des populations face à cette conjoncture délétère.

Auguste Beugré

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