DECEMBER 9, 2022
Environnement

Côte d’Ivoire : l’insalubrité, un défi persistant malgré les initiatives

Côte d’Ivoire : l’insalubrité, un défi persistant malgré les initiatives

En Côte d’Ivoire, la lutte contre l’insalubrité reste un défi majeur, tant à Abidjan que dans les villes de l’intérieur. Les déchets ménagers envahissent les espaces publics, les caniveaux sont souvent obstrués par les décharges sauvages, malgré les campagnes de nettoyage ponctuelles. Chaque saison des pluies, ces problèmes entraînent inondations, prolifération de moustiques et propagation de maladies évitables, illustrant un dysfonctionnement profond dans la gestion des ordures.

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Dans la capitale économique, Abidjan, qui compte plus de cinq millions d’habitants, la production quotidienne de déchets dépasse 5 000 tonnes. L’État a confié la gestion à des opérateurs privés tels qu’Eco Eburnie et ECOTI-SA, mais les résultats sont jugés insuffisants.

Selon Fraternité Matin en 2019, plusieurs quartiers comme Yopougon, Abobo, Adjamé ou Cocody souffrent de retards dans la collecte, laissant des tas d’ordures s’accumuler aux abords des marchés et des routes, générant des risques sanitaires et un sentiment d’abandon. Hors d’Abidjan, la situation reste critique : un reportage du journal L’Intelligent d’Abidjan en 2021 décrivait Daloa comme un immense dépotoir à ciel ouvert, faute de services municipaux efficaces.

Pour mobiliser les populations, le gouvernement a lancé en 2020 la campagne nationale « Grand Ménage », invitant chaque citoyen à rendre propre son environnement tous les derniers samedis du mois. Malheureusement, cette initiative s’est essoufflée.

 Un rapport de l’Observatoire de la Gouvernance Locale en 2022 a souligné l’absence de moyens logistiques, le manque de suivi sur le terrain et l’insuffisance des outils pour pérenniser les efforts. Beaucoup de quartiers n’ont toujours pas accès à des bacs à ordures fonctionnels, ce qui freine les bonnes pratiques.

Derrière cette situation, une crise de gouvernance est pointée par les experts. Pour Yao Konan, politologue ivoirien cité dans Notre Voie en 2022, la faible autonomie et le manque de ressources des collectivités locales empêchent une gestion efficace des déchets. Par ailleurs, la faible culture de l’hygiène est préoccupante : une étude du cabinet Stat’Ivoire en 2023 révèle que 64 % des habitants d’Abidjan jettent encore leurs déchets dans les rues ou caniveaux, souvent par habitude ou absence d’infrastructures, fait-il observer.

Pour progresser, il est nécessaire d’accroître les moyens des communes, de professionnaliser la gestion des déchets, de renforcer l’éducation environnementale et d’intégrer le secteur informel, comme l’ont réussi le Rwanda ou le Bénin, où une volonté politique forte et une implication citoyenne ont permis une transformation durable.

A. BEUGRE

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