L’île de Lahou Kpanda, en Côte d’Ivoire, subit une érosion alarmante, menaçant ses habitants et son écosystème unique.
- L’érosion marine grignote l’île de Lahou Kpanda à une vitesse inquiétante.
- Des scientifiques estiment que l’île pourrait disparaître d’ici une décennie.
- Un appel urgent est lancé pour des mesures d’adaptation et de préservation
L’île de Lahou Kpanda, située dans le sud de la Côte d’Ivoire, pourrait disparaître d’ici dix ans si des mesures concrètes ne sont pas prises pour enrayer l’érosion côtière qui la frappe. Cette prévision alarmante a été avancée par le Dr. Jean Kouadio, chercheur en géomorphologie, lors d’un récent colloque sur le changement climatique à Abidjan.
« Le phénomène d’érosion sur Lahou Kpanda s’accélère à un rythme jamais vu. Chaque année, la mer avance de plusieurs mètres, grignotant inexorablement le littoral », a-t-il expliqué. Depuis 1980, l’île aurait perdu plus de 60 % de sa superficie, selon une étude conjointe de l’Université Félix Houphouët-Boigny et de l’Institut National de la Cartographie.
Les causes de l’érosion
L’érosion côtière à Lahou Kpanda est due à une combinaison de facteurs naturels et anthropiques. Parmi eux, la montée du niveau de la mer liée au changement climatique, la disparition des mangroves qui protégeaient les rives, et les activités humaines comme l’extraction de sable marin.
« Les mangroves jouaient un rôle de barrière naturelle. Leur destruction pour le bois de chauffe ou pour des aménagements agricoles a laissé l’île vulnérable », précise Dr. Kouadio.
Impact socio-économique et environnemental
La situation met en péril non seulement les 6 000 habitants de l’île, mais aussi son riche écosystème. Lahou Kpanda est un lieu de reproduction pour plusieurs espèces de poissons et d’oiseaux migrateurs. Sa disparition entraînerait des pertes écologiques et économiques majeures, affectant notamment la pêche, principale activité des habitants.
Adou Koffi, un pêcheur local, témoigne : « Chaque saison, nous devons reconstruire nos maisons plus en retrait. Nos filets ramènent aussi moins de poissons. »
Des solutions en débat
Face à cette urgence, des solutions sont envisagées. Les scientifiques proposent la restauration des mangroves et la construction de digues pour freiner l’érosion. Cependant, ces projets nécessitent des investissements importants.
« La Côte d’Ivoire doit prioriser ces interventions dans ses politiques d’adaptation au changement climatique. Nous ne pouvons pas sauver tout le littoral, mais Lahou Kpanda est un site stratégique », plaide le Pr. Mariam Diabaté, spécialiste en gestion des zones côtières.
L'appel des décideurs
Interrogé sur la question, le ministre ivoirien de l’Environnement, Jean-Luc Assi, a assuré que des études de faisabilité sont en cours. « Le gouvernement est engagé dans des actions concrètes. Nous explorons des partenariats pour mobiliser les fonds nécessaires », a-t-il déclaré.
Perspectives et défis
Outre les solutions techniques, les experts insistent sur l’importance de sensibiliser les populations locales et de développer des alternatives économiques pour réduire la pression sur les ressources naturelles.
En arrière-plan, l’érosion côtière est un problème mondial : selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), des millions de personnes pourraient être déplacées par la montée des eaux d'ici la fin du siècle.
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Les chiffres de l’érosion côtière en Côte d’Ivoire
- Vitesse moyenne d’érosion : jusqu’à 2 mètres par an dans certaines régions.
- Perte de terres : environ 1 000 hectares par an le long des côtes ivoiriennes.
- Populations affectées : plus de 7 millions de personnes vivent dans les zones côtières vulnérables.
- Vitesse moyenne d’érosion : jusqu’à 2 mètres par an dans certaines régions.