DECEMBER 9, 2022
Communauté scientifique

Géopolitique/Genre-CEDEAO : une thèse plaide pour un rééquilibrage du pouvoir entre les genres au sein du Parlement communautaire

Géopolitique/Genre-CEDEAO : une thèse plaide pour un rééquilibrage du pouvoir entre les genres au sein du Parlement communautaire

Dans un contexte où la question de l’égalité femmes-hommes s’impose progressivement comme un impératif de gouvernance à l’échelle continentale, une avancée académique d’envergure vient enrichir les débats sur la réforme des institutions régionales africaines. La Sénatrice ivoirienne Chantal Fanny, vice-présidente du Sénat de Côte d’Ivoire et première vice-présidente du Bureau des Femmes Parlementaires de la CEDEAO (ECOFEPA), a soutenu avec succès une thèse de doctorat en Administration des Affaires (DBA), portant sur l’inclusion féminine et les dynamiques de pouvoir au sein du Parlement de la CEDEAO.

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Une réflexion critique sur les rapports de genre dans les institutions régionales

Intitulée « Inclusion féminine et dynamiques des pouvoirs au sein du Parlement de la CEDEAO : vers une transformation durable ? », cette thèse interroge le fonctionnement de l’institution communautaire à la lumière des rapports de genre et explore les conditions d’une participation féminine plus équilibrée, non seulement sur le plan quantitatif, mais surtout dans l’exercice réel du pouvoir décisionnel.

 La soutenance a eu lieu à l’Institut de Recherche et de Formation à l’Action Sociale (IRFASE) en France, en partenariat avec le Centre de Valorisation des Parcours et des Talents (CVPT – Tunisie) et l’Institut Africain de Recherche et d’Action en Administration Publique (IARPA), réunissant un jury international présidé par le professeur Rémy Bazenguissa-Ganga, de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS).

Entre avancées symboliques et freins structurels

Dans ses travaux, Chantal Fanny s’appuie sur une méthodologie mixte combinant analyse documentaire et entretiens de terrain, menés auprès d’acteurs parlementaires de la région ouest-africaine. Elle met en évidence un paradoxe récurrent dans les institutions régionales : si des progrès significatifs sont enregistrés en matière de représentation numérique des femmes, l’accès aux postes stratégiques de décision et l’influence réelle sur les orientations politiques demeurent limités. Ces limites sont attribuées à la persistance de pratiques de cooptation politiques peu ouvertes à la mixité, à un déficit de mécanismes d’évaluation des engagements en matière d’égalité, et à l’absence de dispositifs incitatifs structurés à l’échelle régionale.

Vers une architecture parlementaire plus inclusive

La chercheuse propose une série de réformes concrètes pour renforcer l’impact des femmes au sein du Parlement de la CEDEAO. Elle suggère notamment la création d’un observatoire régional de la parité parlementaire, chargé de produire régulièrement des indicateurs fiables sur la participation des femmes et leur pouvoir effectif. Elle recommande aussi la mise en place d’un mécanisme annuel de suivi et d’évaluation des performances des États membres en matière de représentation équitable, ainsi que l’instauration d’un prix de la parité, destiné à récompenser les gouvernements les plus engagés dans l’amélioration de la gouvernance inclusive.

Le jury a salué la rigueur de l’analyse et l’originalité des propositions, décernant à Chantal Fanny la mention Très Honorable avec les félicitations unanimes, tout en recommandant la publication scientifique de la thèse. Ce travail, qui conjugue engagement politique et exigence intellectuelle, constitue une contribution précieuse à la réflexion sur les conditions d’une transformation durable des institutions africaines en matière de genre et de gouvernance.

L’émergence d’une voix féminine fondée sur le savoir

Alors que les discussions sur la réforme du Parlement de la CEDEAO et les mécanismes de représentation régionale se poursuivent, cette recherche doctorale ouvre des perspectives nouvelles pour penser une architecture parlementaire plus équilibrée, plus équitable, et véritablement inclusive. La sénatrice, désormais docteure, fait ainsi entrer dans l’arène géopolitique régionale une parole féminine fondée sur le savoir, à la croisée de l’expérience politique et de la recherche appliquée.

Une reconnaissance académique et politique

La soutenance a été rehaussée par la présence du ministre ivoirien Paulin Claude Danho, député-maire d’Attécoubé et Premier vice-gouverneur de la Ville d’Abidjan, venu témoigner de son soutien à celle qu’il a qualifiée de « jeune sœur », saluant un parcours académique qui renforce la voix des femmes africaines dans les instances décisionnelles régionales.

SS

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