Débat entre chercheurs autour des cours à distance au Mali : le Coordinateur national, Augustin Poudiougo se défend !
Au Mali, les écoles resteront fermées jusqu’au 02 juin 2020. Cette fermeture des écoles suite à la Covid-19 a obligé le Gouvernement à opter pour l’enseignement à distance. Les cours qui ont débuté le 14 Avril dernier, suscitent encore des interrogations chez plusieurs Maliens.
«Une bonne formation à distance ne peut s’improviser dans la précipitation comme on essaie de le faire actuellement», a déclaré Mamadou Lamine Doumbia, un enseignant-chercheur malien vivant au Canada. «Il n’y pas de précipitation », rassure Augustin Poudiougo, Coordinateur des cours à distance et conseiller technique au Ministère de l’Enseignement fondamental, la vulgarisation des cours à distance s’inscrit dans le Plan de développement décennal de 2011-2020 de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique au Mali. «Cependant, le système éducatif malien ne dispose pas des ressources nécessaires pour la concrétisation de ce type d’enseignement», avoue Augustin Poudiougo.
Chaque matin, les élèves notamment de la 9e année peuvent suivre des cours sur leur petit écran. Des condensés de 30 minutes animés par des professeurs choisis par domaine, et qui préparent les cours au sein d’un comité pédagogique. Avec des enseignants qui se retrouvent majoritairement pour la première fois devant une caméra, le positionnement et le gestuel ne rendent pas captivant les cours. «En même temps que les cours sont dispensés, les professeurs se forment», excuse Poudiougo.
Selon le Coordinateur des cours à distance, les élèves habitant dans les zones reculées disposeront d’une diversification des canaux de communication. Ainsi, en plus de la télévision, les cours pour les classes de 9e année, la Terminale, CAP et BT, sont désormais accessibles en ligne sur une plateforme nouvellement créée. «Ceux qui n’ont pas de moyens de suivre, recevront des versions imprimées afin qu’ils soient au même niveau d’apprentissage que les autres», explique-t-il.
Des assurances qui ne rassurent pas…
Bien que les cours soient diffusés à la télévision et que les élèves aient droit à des devoirs à domicile, le Gouvernement ne dispose pas de moyens pour tenir les examens de fin d’année. Face au spectre de l’année blanche qui plane, Dr Fad Seydou, ancien membre du Conseil Supérieur de l’Education du Mali, propose la réouverture des classes pour les élèves en classe d’examen. «On peut les partager entre les petites classes afin de respecter la distanciation sociale, sinon je ne vois pas l’intérêt que les cours se fassent à la télévision et que les apprenants n’y comprennent rien».
Mohamed Lamine Doumbia, lui non plus, ne semble pas convaincu par les explications du Coordinateur Poudiougou. L’enseignement à distance, explique l’enseignant-chercheur, doit se développer progressivement pour offrir plus de possibilité d’apprentissage aux apprenants lorsque les conditions le permettent. «Commençons d’abord par mettre en place progressivement les conditions minimales matérielles et pédagogiques, ensuite le reste suivra », conseille-t-il.
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Cet article a été redigé par Mally Diawara | JSTM.ORG
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Cet article a été édité par Mamadou Togola et approuvé pour publication par Mardochée BOLI