Science et Société

Lait de vache à Bamako: 60% de la production infectée par une mycotoxine cancérogène

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Le chercheur Kangaye Amadou Diallo, collaborateur du Laboratoire de recherche en microbiologie et biotechnologie microbienne (LaboREM-biotech) à la Faculté des Sciences et Techniques, a mené une étude sur  l’«Incidence de l’aflatoxine M1 dans le lait frais produit dans de petites fermes de Bamako, Katiéla et Saréyamou (Diré) au Mali». Les résultats sont alarmants.

Les aflatoxines sont des substances toxiques produites par certains types de moisissures (champignons). Elles contaminent les cultures vivrières et constituent une menace grave pour la santé du bétail et de l’être humain. Selon plusieurs études, les aflatoxines, lorsqu’elles sont ingérées ou absorbées par la peau, peuvent provoquer une baisse de performance, une maladie ou une mort chez l’homme ou l’animal.

Il existe plusieurs aflatoxines dans la nature notamment B1, B2, G1, G2. Parmi les aflatoxines, l’aflatoxine B1 (AFB1) est la plus toxique. Chez le bétail, l’AFB1 absorbée avec des aliments contaminés est métabolisée au niveau du foie. Une substance dérivée, appelée aflatoxine M1, (AFM1), en est excrétée dans le lait produit par les animaux. Ainsi, chez la vache laitière, jusqu’à 4 % de l’aflatoxine B1 ingérée se retrouve sous forme d’aflatoxine M1 dans le lait.

Loin des normes autorisées …

Pour mesurer la teneur de l’aflatoxine M1 dans le lait malien, Kangaye Amadou Diallo a prélevé des échantillons de lait « fraîchement » traient dans 45 petites fermes situées dans les villes de Bamako, Katiéla et Saréyamou, dans le cercle de Diré. L’étude s’est déroulée de de novembre 2015 à janvier 2016. Les résultats obtenus montrent des taux d’aflatoxine M1 largement au-dessus des normes internationales.

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Il ressort que 44,2% des échantillons analysés contenaient un taux d’aflatoxine M1 supérieur à la limite maximale autorisée par la norme Européenne de 5 μg/L (un microgramme (μg) correspondant à un milliardième de kilogramme. Pis, dans 26,3% des échantillons, il avait deux fois plus d’AFM1 que la limite maximale autorisée en Europe «Ceci montre un risque élevé pour les consommateurs au Mali», alerte le chercheur.

Urgence à Bamako…

A Bamako et Katiéla, l’étude révèle que 60% des échantillons de lait sont fortement contaminés par l’AFM1. La raison, explique Kangaye Amadou Diallo, le bétail de Bamako et Katiéla est nourri principalement avec des aliments à base de maïs. Or, cette culture est l’une des plus affectées par les mycotoxines. A cause de sa toxicité élevée, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande de «jeter» tout grain de maïs, de blé ou de riz, «qui a l’air moisi, décoloré ou flétri».

Au Mali, particulièrement à Bamako, le maïs, même moisi, est associé au son de blé, au tourteau de coton et au son de riz pour nourris les animaux.

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Par contre les échantillons de lait provenant de Saréyamou sont peu contaminés. Seulement 6,7% de ces échantillons contenaient l’AFM1. Dans cette localité, informe le chercheur, les animaux sont principalement nourris avec le bourgou séché et stocké dans de bonnes conditions.

«Les niveaux de contamination élevés représentent un problème de sécurité alimentaire dans les petites exploitations étudiées», conclut le bio-informaticien. Le chercheur recommande « l’adoption de mesures» pour atténuer ce problème, telles que la mise en œuvre de bonnes pratiques tout au long de la chaîne de production de lait.


Attention: La reprise de cet article, même partielle, sans l’autorisation écrite du JSTM est passible de poursuite judiciaire.


Mariam Aldiou|JSTM.ORG

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