Epidémie de Crimée-Congo au Mali: Au total, 09 décès et 07 malades encore en observation
Il y a environ trois semaines, les autorités sanitaires du Mali annonçaient le décès de sept personnes suite à une épidémie de Crimée-Congo. Depuis, on est à 18 cas confirmés et neuf décès dans l’aire sanitaire de Korientzé, dans la région de Mopti. L’équipe d’investigation a expliqué à JSTM que le virus est pour l’instant dans un seul foyer.
Ils ont presque tous soufferts de diarrhée sanglante avant de mourir. C’est par exemple le cas d’une patiente décédée le 15 janvier 2020, une semaine après avoir eu un contact permanent avec son neveu berger, lui aussi décédé. La tante du jeune berger a présenté avant sa mort des maux de tête, des vomissements sanglants, une diarrhée sanglante, un saignement vaginal, l’asthénie et une fièvre à 39 degrés Celsius. Ce sont là, en effet, quelques signes de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo qui a causé la mort de neuf (09) personnes et a fait 18 cas confirmés dans l’aire sanitaire de Korientzé.
Si le virus a été identifié chez des tiques pour la première fois en 2011 au Mali. Il n’a pas, à l’époque, fait de victime chez les humains. C’est en 2017, qu’un diagnostic par PCR a confirmé l’infection chez 2 enfants de 1 et 2 ans. Puis, en 2020, le virus réapparait à Kéra, un petit village situé à environ 2 km de Korientzé dans la région de Mopti, une zone occupée par des groupes djihadistes. Cette fois, il tue dans ce village, cinq membres d’une même famille et quatre autres personnes.
La fièvre hémorragique de Crimée-Congo est une maladie nosocomiale. «Ce qui veut dire que la transmission en milieu d’hospitalisation est bien possible et rapide lorsqu’on ne prend pas les précautions nécessaires», explique Dr Garan Dabo, Médecin infectiologue à l’hôpital du Mali. Immédiatement informé du décès des premiers cas dans le village de Kéra, le ministère de la Santé a envoyé une équipe d’investigation sur les lieux.
Retour satisfaisant de l’équipe d’investigation
«C’est une pathologie rare au Mali…», assure le ministre de la Santé, Michel Sidibé qui a conduit l’équipe d’investigation à Mopti, composée de biologistes, d’infectiologues, de spécialistes en gastroentérologie, etc. Aux dires du Pr Ousmane Koïta, Parasitologue et Biologiste moléculaire, membre de l’équipe d’investigation, «les échantillons prélevés sur des patients venus de villages différents ont permis de confirmer la présence du virus dans un seul foyer. Ce qui facilite la prise en charge des malades.» Aujourd’hui, les populations de la région de Mopti ne doivent plus s’inquiéter, car l’épidémie a été maîtrisée, se réjouit Dr Dramane Samaké, infectiologue et Chef de service médecine de l’hôpital de Mopti. Cependant « nous avons 7 malades encore en observation pour lesquels, nous attendons justes les résultats des dernières analyses pour pouvoir faire leur sortie. Sinon cliniquement ce sont des malades qui sont déjà guéris », précise Dr Dramane Samaké.
Toutefois, d’autres analyses sont en cours à l’Institut national de Santé publique (INSP) afin de spécifier le type de transmission auquel on fait face. « Les résultats vont permettre de savoir s’il faut faire appel aux vétérinaires pour exterminer les tiques et éliminer le foyer ou trouver des moyens pour gérer les symptômes chez l’homme», explique Pr Ousmane Koïta.
Quel traitement pour les malades ?
Pour l’instant le traitement est symptomatique. «Il n’existe aucun vaccin contre cette fièvre hémorragique arbovirale dont le taux de létalité est compris entre 10 et 40% », expose Dr Garan Dabo. Mais toutes les fois, ajoute Dr Dabo, que la Ribavirine a été donnée aux malades, il y a eu de «très bons résultats.»
Cependant, une étude scientifique devrait être menée afin de faire ressortir des données d’essai clinique qui approuvent l’efficacité du traitement.
**Photo à la une: (Photo d’illustration)
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Mardochée BOLI | JSTM.ORG