Le CDC Afrique déclare Mpox une urgence de santé publique pour la sécurité continentale, mobilisant des ressources à travers le continent
Les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) ont officiellement déclaré l’épidémie de Mpox en cours comme une urgence de santé publique de sécurité continentale (PHECS), marquant la première déclaration de ce type de l’agence depuis sa création en 2017.
Cette déclaration, en vertu de l’article 3, paragraphe F des statuts du CDC Afrique, habilite l’organisation à diriger et à coordonner les réponses aux urgences sanitaires importantes. Le statut donne mandat au CDC Afrique de « coordonner et soutenir les États membres dans les réponses aux urgences sanitaires, en particulier celles déclarées PHECS ou urgence de santé publique de portée internationale (PHEIC), ainsi que la promotion de la santé et la prévention des maladies à travers le renforcement des systèmes de santé, en abordant les maladies transmissibles et non transmissibles, santé environnementale et maladies tropicales négligées.
La déclaration permettra de mobiliser des ressources dans les pays touchés, de débloquer des financements essentiels, de renforcer la communication sur les risques et l’engagement communautaire (RCCE), de renforcer les efforts de surveillance et de tests en laboratoire et de renforcer les capacités des ressources humaines pour répondre efficacement à la Mpox grâce à une approche One Health.
Le Directeur Général du CDC Afrique, le Dr Jean Kaseya, a souligné l’urgence d’une action rapide et décisive : « Aujourd’hui, nous déclarons cette PHECS pour mobiliser nos institutions, notre volonté collective et nos ressources pour agir – rapidement et de manière décisive. Cela nous permet de forger de nouveaux partenariats, de renforcer nos systèmes de santé, d’éduquer nos communautés et de mettre en œuvre des interventions vitales là où elles sont le plus nécessaires. Il n’est pas nécessaire d’imposer des restrictions de voyage pour le moment.
Au moins 13 pays africains, y compris des pays auparavant épargnés comme le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda, ont signalé des épidémies de Mpox. Jusqu’à présent en 2024, ces pays ont confirmé 2 863 cas et 517 décès, principalement en République démocratique du Congo (RDC). Les cas suspects sur tout le continent ont dépassé les 17 000, soit une augmentation significative par rapport aux 7 146 cas en 2022 et aux 14 957 cas en 2023. Ce n’est que la pointe de l’iceberg si l’on considère les nombreuses faiblesses de la surveillance des tests de laboratoire et de la recherche des contacts.
Le Dr Jean Kaseya, Directeur General de Africa Centres for Disease Control and Prevention (Africa-CDC), a souligné la gravité de la situation en déclarant : « Il ne s’agit pas simplement d’un défi de plus ; c’est une crise qui exige notre action collective. L’article 3, paragraphe F des Statuts du CDC Afrique nous donne mandat de diriger et de coordonner la réponse en cas de déclaration d’une urgence de santé publique de portée internationale.
De mai 2022 à juillet 2023, la Mpox a été déclarée urgence de santé publique de portée internationale (PHEIC) par l’OMS. Cependant, l’Afrique n’a pas reçu le soutien dont elle avait un urgent besoin durant cette période. Alors que le nombre de cas commençait à diminuer dans le monde, les chiffres croissants en Afrique ont été largement ignorés. Le Dr Kaseya a souligné la nécessité d’un changement d’approche : « Nous exhortons nos partenaires internationaux à saisir ce moment pour agir différemment et collaborer étroitement avec Africa CDC pour fournir le soutien nécessaire à nos États membres.
Il a poursuivi en appelant les partenaires mondiaux : « Nous vous appelons à rester à nos côtés en cette heure critique. L’Afrique est depuis longtemps en première ligne dans la lutte contre les maladies infectieuses, souvent avec des ressources limitées. La lutte contre la Mpox exige une réponse mondiale. Nous avons besoin de votre soutien, de votre expertise et de votre solidarité. Le monde ne peut pas se permettre de fermer les yeux sur cette crise. »
Il a expliqué que la déclaration d’urgence fait suite à de larges consultations, y compris une décision unanime du Groupe consultatif d’urgence (ECG) du CDC Afrique, présidé par le professeur Salim Abdool Karim, directeur de CAPRISA, un programme de recherche sur le sida basé à Durban, en Afrique du Sud.
Le professeur Karim a souligné qu’une surveillance et des preuves limitées suggèrent que la situation pourrait être plus grave qu’on ne l’imagine actuellement. « Le nombre de cas a considérablement augmenté par rapport à 2022, lorsque l’OMS a déclaré Mpox une urgence de santé publique. Il est clair que nous sommes confrontés à un scénario différent avec beaucoup plus de cas, ce qui entraîne un fardeau de morbidité plus lourd », a-t-il déclaré. Il a également fait part de ses inquiétudes concernant l’augmentation du nombre de décès, en particulier le lien potentiel entre le VIH et la Mpox. « Notre préoccupation est que nous pourrions assister à davantage de décès en Afrique en raison de l’association avec le VIH », a-t-il noté.
La transmission transfrontalière vers des pays auparavant épargnés était également une préoccupation, ce qui a incité l’ECG à insister sur la distribution stratégique des vaccins disponibles, limités. Le manque de capacités de diagnostic a été identifié comme un problème critique nécessitant une attention urgente, et l’ECG a encouragé l’élaboration de plans d’intervention, promettant d’apporter sa contribution et son soutien.
Pour lutter contre l’épidémie de Mpox en Afrique, Africa CDC a mis en place une équipe de gestion des incidents de 25 membres basée à l’épicentre de l’épidémie de Mpox avec pour mandat de soutenir les pays touchés et à risque. Africa CDC a également signé un accord de partenariat avec l’Autorité de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (HERA) de la Commission européenne et Bavarian Nordic pour fournir plus de 215 000 doses du vaccin MVA-BN®, le seul vaccin Mpox approuvé par l’institution americaine, la FDA (Food and Drugs Administration) et l’EMA (European Medecines Agency). Le CDC Afrique supervisera la distribution équitable de ces vaccins, en donnant la priorité aux besoins locaux dans les États membres touchés.
Source : Africa CDC