Une nouvelle espèce de lézard marin découverte au Maroc : Pluridens serpentis
Une équipe internationale de chercheurs a récemment mis au jour une nouvelle espèce de lézard marin fossile au Maroc, baptisée Pluridens serpentis. Cette découverte, publiée dans la revue scientifique Cretaceous Research, apporte un éclairage fascinant sur ces créatures marines disparues il y a environ 66 millions d’années, à la fin de l’ère du Crétacé.
Le fossile, exceptionnellement bien préservé, révèle une créature gigantesque mesurant plus de 8 mètres de long. Parmi ses caractéristiques les plus remarquables figurent deux crânes et deux mâchoires robustes, une configuration unique jamais observée chez des espèces similaires. « Ces traits anatomiques suggèrent des adaptations très spécifiques, qui faisaient de Pluridens serpentis un prédateur redoutable dans les environnements marins de l’époque », explique le Dr. Mohamed El-Mansouri, paléontologue marocain et co-auteur de l’étude.
Des caractéristiques uniques
Les chercheurs ont identifié plusieurs particularités chez cette espèce. Ses mâchoires longues et puissantes étaient garnies de dents minuscules parfaitement alignées, une structure qui aurait permis au lézard de capturer une grande variété de proies. « La disposition de ces dents est inhabituelle et révèle une stratégie alimentaire diversifiée », souligne Dr. Paul Harrison, spécialiste britannique des reptiles fossiles.
Avec une longueur estimée à plus de 8 mètres, Pluridens serpentis évoluait principalement dans des mers profondes et sombres. Ces conditions particulières ont façonné ses adaptations. À l’instar des serpents de mer modernes, ce lézard marin aurait utilisé sa langue et la chimioréception – un mécanisme permettant de détecter les molécules chimiques dans l’environnement – pour localiser ses proies. « Cette stratégie de chasse était probablement essentielle pour survivre dans les écosystèmes marins faiblement éclairés du Crétacé », précise le Dr. Fatima Belkacem, chercheuse en paléontologie.
Une découverte majeure pour la science
Cette nouvelle espèce s’inscrit dans une série de découvertes paléontologiques majeures au Maroc, un pays reconnu pour la richesse de ses sites fossiles. Les chercheurs estiment que cette région, autrefois recouverte par une mer peu profonde, était un écosystème complexe abritant de nombreux prédateurs marins.
En plus de sa valeur scientifique, la découverte de Pluridens serpentis permet de mieux comprendre l’évolution des écosystèmes marins à l’ère du Crétacé. Elle met également en lumière les interactions entre différentes espèces marines, ainsi que les adaptations nécessaires pour survivre dans des environnements hostiles.
« Ce fossile est une fenêtre sur le passé. Il nous aide à comprendre comment les prédateurs marins interagissaient avec leur environnement et comment ils ont évolué pour s’adapter à des niches écologiques spécifiques », conclut le Dr. Harrison.
Un trésor scientifique
Grâce à ses caractéristiques uniques et à son excellent état de préservation, Pluridens serpentis constitue une découverte majeure pour la paléontologie. Elle illustre également l’importance de la préservation des sites fossiles, non seulement pour le Maroc, mais aussi pour l’ensemble de la communauté scientifique internationale.
Le Maroc, souvent qualifié de « paradis des paléontologues », continue de livrer des secrets qui enrichissent notre compréhension du passé lointain.
Auguste Médéric Beugré