Séminaire général du Laboratoire Mixte International – MaCoTer
Les résultats du projet suppléance : Volet I – Services publics (Santé, Éducation, Assainissement).
Le jeudi 23 mars 2023 s’est tenu dans les locaux de l’IRD, le séminaire général de MaCoTer pour présenter les résultats du secteur services publics (Santé, l’éducation et l’assainissement) du projet suppléance : un nouvel espace de gouvernance endogène ?
Lancé en novembre 2021, le projet a pour objectif d’appréhender la notion de “suppléance” en proposant une offre empirique visant à définir les espaces des activités d’utilité publique qui ne sont plus pris en charge ni par les pouvoirs publics, ni par les organisations de la société civile, ni par le secteur privé commercial.
Ce projet interdisciplinaire vise à réfléchir et à analyser empiriquement ces espaces de suppléance à travers quatre secteurs d’activités : la sécurité, la justice, la santé et l’éducation, auxquelles s’ajoutent deux approches transversales portant sur la rentabilité économique et la prise en compte des rapports de genre.
D’une durée de 24 mois, il est porté par une équipe de chercheurs du laboratoire MaCoTer et co-financé l’Agence Française pour le Développement (AFD).
Le programme de la journée du séminaire était structuré en plusieurs temps forts. Le mot d’ouverture a été donné par le modérateur, Gilles HOLDER, anthropologue au CNRS et co-directeur de MaCoTer à partir de 9H(TU). Il explique que la notion de suppléance est abordée à deux niveaux, et ouvrent des perspectives intéressantes pour mieux comprendre les pratiques mises en place par les populations : suppléer, qui veut dire pallier, remplacer, et supplémenter, signifie faire à la place de… mais de manière plus efficace.
Tout en soulignant la problématique centrale qu’il cherche à résoudre : comment les gens font-ils lorsque l’Etat ou le secteur privé est absent ou insuffisant pour répondre aux besoins d’intérêt général ?
La première intervention a été celle de Laurent Vidal, qui présente les résultats du volet santé intitulé, « La suppléance en santé : Figures, permanences et adaptations ». Les enquêtes ont été menées dans des centres de santé de référence et communautaires à Djenné et dans le district de Bamako.
Laurent Vidal a montré la nécessité de la suppléance, qui est souvent indispensable pour répondre à des besoins non-couverts, en l’absence des structures de santé. Il a également souligné que ces pratiques de suppléance sont bien connues de tous.
Bakary Traoré, étudiant en Master SOCDEV (Société, Culture et Développement), a présenté une communication intitulée « Gérer soi-même les déchets à Bamako : les limites du modèle public-privé libéral ». Il propose une réflexion sur le modèle de gestion public-privé de l’assainissement à Bamako, qui est organisé autour de la pré-collecte exécuté par les GIE, sous la délégation des municipalités qui, ramasse les ordures au niveau des concessions pour les transporter vers les dépôts de transit. Il montre par ailleurs que l’échec de ce modèle pousse les populations à gérer elles-mêmes leurs ordures à travers des pratiques de suppléance, elles-mêmes comportant des limites. Pour apporter une solution d’urgence au secteur, l’État reprend le schéma d’aide des institutions financières sans un véritable diagnostic des contraintes de la gestion.
Enfin, Morike Dembélé porte une réflexion sur : « les mutations de l’offre d’éducation au Mali avec ou sans l’État ». Cette étude a été menée à Kita, Bafoulabé, Oussoubidiagna et dans la périphérie de Bamako.
Il montre que dans l’enseignement de base, la communauté s’organise en l’absence de l’État pour créer une école en réponse à leur besoin. Il explique que dans la plupart des cas, ces écoles suppléantes se transforment en école communautaire avant de devenir une école publique. Et, dans l’espace urbain, ces écoles suppléantes deviennent des écoles privées.
Les différentes discussions de ce séminaire ont été très enrichissantes pour tous les participants, en particulier les étudiants du Master SOCDEV du LMI-MaCoTer.
Mazo KONE, JSTM