Santé oculaire : le combat du PNSO pour l’élimination du trachome au Mali
Le trachome est l’une des causes de la cécité dans le monde. Au Mali, dans les années 1996, la maladie a touché partout dans le pays d’où la mise en place du programme national de santé oculaire (PNSO) par le soutien des partenaires.
Actuellement, le trachome est une maladie affligeant surtout les personnes de faible statut socio-économique vivant dans des régions rurales et reculées dont l’Afrique. C’est pourquoi, le continent devient la plus touchée par le trachome soit 75% du trachome actif et la moitié des cas de trichiasis selon l’ONG « centre Carter ». Au Mali, la maladie constitue un des problèmes de santé publique. Les efforts consentis à travers le PNSO a permis de réduire la prévalence du trachome actif sous le seuil de 5% dans tout le pays actuellement. Quant au backlog théorique de trichiasis trachomateux, il était estimé à 3 683 à la date du 16 novembre 2018.
Malgré ce backlog, les équipes peinent à trouver des cas à opérer dans les districts théoriquement endémiques. C’est dans ce cadre que la stratégie de ratissage a été initiée par le programme et les districts depuis 2015. Ce ratissage se fait dans chaque région chez les sujets d’âges de plus de 15 ans. Ce qui consiste de passer porte à porte pour analyser les cas du trichiasis trachomateux afin de les opérer gratuitement avec l’aide des partenaires. Mais selon le professeur Lamine Traoré, coordinateur du projet PNSO au Mali, le gros problème se situe dans le centre notamment dans le cercle de Ténenkou, Koro, Youwarou et Bankass. A cause de l’insécurité, le ratissage n’a pas pu être effectué dans ces zones.
Une revue annuelle est organisée chaque année pour faire le point des activités réalisées avec la DNS, les DRS et tous les partenaires du dudit programme.
C’est quoi le trachome ?
Le trachome est une infection des yeux causés par Chlamydia trachomatis. La chlamydia oculaire se propage par le contact direct avec une personne, des lits, des serviettes et habits partagés et ensuite par le contact aux mouches qui sont porteuses de la bactérie venant des écoulements des yeux et du nez. Avec le temps, des infections répétés provoquent une cicatrisation à l’intérieur de la paupière (conjonctive) qui retourne et dévie les cils vers la cornée. C’est ce qui est appelé trichiasis. Le trachome actif concerne les sujets d’enfants de moins de 9 ans alors que trichiasis est pour les sujets d’âges avancées. Cependant, selon plusieurs études, les femmes sont plus susceptibles de développer le trichiasis à travers leur contact avec les enfants.
Le défi de l’OMS…
Depuis 1996, l’OMS a créé l’alliance OMS pour l’élimination mondiale du trachome. Elle s’est fixé un objectif en 2020 pour en finir avec la maladie dans le monde à travers la stratégie « Chance ». Au Mali également, cette stratégie est utilisée à travers l’OMS Mali et d’autres ONG partenaires comme Helen Keller International, Sightsavers, World vision, Water Aid et Centre Carter…
C’est quoi la stratégie de chance ?
La stratégie « chance » est une approche intégrée par l’OMS pour la prévention des nouvelles infections du trachome et du traitement des cas existants du trachome et du trichiasis en quatre volets. D’abord la chirurgie, les antibiotiques, le nettoyage du visage et le changement environnemental.
- La chirurgie permet de renverser les cils rentrés vers l’œil chez les patients souffrant de trichiasis. La chirurgie de la paupière est une technique simple pouvant être réalisées dans la communauté ou dans les centres de santé.
- Quant aux antibiotiques, ils sont utilisés pour traiter le trachome actif et réduire le réservoir d’infection dans une communauté. Ils concernent les enfants porteurs de trichiasis actif.
- Le nettoyage du visage consiste à encourager une meilleure hygiène. Un enfant dont le visage est sale est plus susceptible de transmettre s’il a une infection active ou de contracter s’il n’est pas infecté. C’est pourquoi, il est conseillé de nettoyer le visage des enfants pour ne pas attirer les mouches.
- Le changement de l’environnement est nécessaire pour la protection du trachome. La maladie persiste quand les gens vivent dans des locaux surpeuplés avec une infrastructure précaire au niveau de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement…
Selon Lamine Traoré, au Mali, les ONG partenaires du PNSO cités ci-dessus contribuent à la fabrication des dalles pour les latrines et à aider les populations à s’approprier de l’eau dans les villages. Des maçons sont formés dans chaque village pour la fabrication et les partenaires fournies les intrants. Car selon ses explications, laisser les enfants déféquer dans la nature attire les mouches et contribuent à la propagation du trachome a-t-il expliqué. Toutefois, il parle avec espoir : « si nous arrivons à baver pour atteindre les zones d’insécurités, le Mali pourra célébrer l’élimination du trachome dans le pays en mai», conclut Professeur Traoré.
Hadjiratou Maïga