Ressources naturelles: relever le défi de la réutilisation des eaux usées au Mali
Au cours de la campagne agricole 2017-2018, le Mali a été soumis à un stress hydrique intense. Les mesures préconisées par le Programme conjoint d’Appui à la Gestion intégrée des Ressources en Eau (PCA-GIRE) ont permis d’éviter de justesse des tensions entre éleveurs, agriculteurs et entreprises de gestion des retenues d’eau de Sélingué et de Markala.
En janvier 2018, Une étude publiée par la revue Nature, indique que presqu’un tiers des villes dans le monde pourrait manquer de l’eau dans les sept ans à venir, à cause du changement climatique. Les études montrent que les régions d’Afrique particulièrement touchées seront l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique australe. De multiples politiques d’adaptation devront donc être mises en œuvre. Parmi celles -ci, le recyclage des eaux usées semble être une bonne solution.
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Dans un article publié en marge de la Journée mondiale de l’eau, notre confrère Afrik 21 démontre que le recyclage des eaux usées traitées devient une solution « économique et vertueuse » pour garantir l’accès à l’eau potable. Selon le site, l’Afrique sera touchée par la pénurie d’eau potable. Citant l’ONU, le site indique que la demande d’eau douce devrait croître de 40 % d’ici 2050. L’Afrique à cause de son explosion démographique devra, avec l’Asie, abriter 80 % de la population mondiale à l’horizon 2030.
Ainsi, face à la rareté de ses ressources en eau, le Maroc depuis 1960 a entamé la réutilisation des ressources en eau non conventionnelles, à savoir les eaux usées traitées, les eaux saumâtres dessalées, les eaux de recharge artificielle des nappes souterraines et la récupération des eaux de pluie. Ainsi au Maroc, l’eau de mer est dessalée pour être consommée dans les ménages comme eau potable. Ailleurs, une fois traitée, l’eau est réutilisée pour irriguer les complexes touristiques, les parcours de golf et les fontaines, ou encore les installations industrielles.
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Pour la gestion des eaux usées au Mali, l’Etat a créé en 2007, l’Agence nationale de gestion des stations d’épuration du Mali (ANGESEM). Sous l’impulsion de cette agence, le Mali dispose aujourd’hui d’au moins cinq stations d’épuration des eaux usées. La première infrastructure est la station d’épuration de Sotuba. Construite sur une surface de 11 ha, cette station a un réseau d’égouts d’une longueur de 7,5 km reliant une cinquantaine d’unités industrielles. D’une capacité de traitement de 5000 m3 d’eaux usées par jour, l’ouvrage permet de traiter une grande partie des rejets industriels liquides de la zone.
Avec des stations à Bamako, une station à Mopti et une autre à Tombouctou, le Mali n’a pas encore amorcé le virage de recyclage des eaux usées. Car, jusque-là, les eaux épurées sont rejetées dans la nature. Pourtant, selon le site Afrik 21, le recyclage des eaux usées est une solution à la fois écologique et économique. La réutilisation des eaux usées permet de se rapprocher d’un modèle d’économie circulaire particulièrement avantageux pour la protection de l’environnement. Car la réutilisation des eaux usées évite de prélever localement les rares ressources en eau douce.
Mamadou TOGOLA