Prévention du cancer de sein : une étude révèle l’importance d’extraits d’alcaloïdes provenant de plantes maliennes
Combretum glutinosum et Balanites aegyptiaca sont deux plantes utilisées pour traiter les hémorragies, la fièvre jaune, l’épilepsie, la variole et plusieurs autres infections. Leur efficacité dans le traitement du cancer de sein vient d’être découverte par une équipe de neuf chercheurs majoritairement maliens.
Avant d’entrer dans le bureau du Dr Traoré Nah, un proverbe attire notre attention pendant les discussions des chercheurs réunis dans la salle d’attente : «c’est à force de rouler que l’asticot arrive au bout du monde ». En effet c’est dans cette action que se sont engagés les chercheurs du laboratoire de chimie organique et substances naturelles de la Faculté des Sciences et Techniques (FST) de Bamako. Quand ils choisissent de s’intéresser à Combretum glutinosum et Balanites aegyptiaca. Deux plantes qu’on retrouve dans les champs maliens et beaucoup utilisées en médecine traditionnelle. « Zégênin » est le nom qu’on donne à Combretum glutinosum en Bambara et « Tiangara » pour Balanites aegyptiaca.
« L’objectif de ce travail a été d’évaluer l’activité de trois extraits d’alcaloïdes totaux provenant des feuilles de Combretum glutinosum, appelé aussi chigommier, d’écorce de tronc et feuilles de Balanites aegyptiaca » expose la responsable des travaux, Dr Traoré Nah, chef de département de chimie à la Faculté des Sciences et Techniques (FST) de Bamako. « Nous avons par la suite évalué la prolifération de cellules cancéreuses mammaires en lignée continue (MCF-7) après traitement ou non par ces extraits » ajoute Dr Sékou Bouaré du laboratoire de chimie organique et substances naturelles. Dans leurs conditions expérimentales, il apparaît que la vinblastine, utilisée comme témoin, avec une CI50 égale à 1,20, présente une activité antiproliférative plus élevée par rapport aux extraits d’alcaloïdes totaux de ces plantes. Cependant la valeur de la CI50 de Combretum glutinosum montre une activité anticancéreuse potentiellement intéressante mais très supérieure à celle de la vinblastine.
Ces dernières années, plusieurs molécules isolées des plantes sont devenues des médicaments efficaces. Ainsi 50% des médicaments utilisés en chimiothérapie anticancéreuse proviennent de la nature. C’est le cas du taxol utilisé dans le traitement des cancers de l’ovaire et du sein. Selon les chercheurs, si le Mali disposait d’un laboratoire équipée, avec un accès facile aux solvants utilisés pour l’extraction des huiles essentielles, plusieurs médicaments très efficaces seront mis à la disposition des patients.
Combretum glutinosum comme arme anti-cancéreuse
Les feuilles et l’écorce de tronc des plantes ont été récoltées à Kati ville située dans la région de Koulikoro (2ème région du Mali). Puis séchées à l’ombre, à température ambiante au sein du Laboratoire de Chimie Organique et Substances Naturelles de la FST. Où des essais préliminaires ont mis en évidence la présence d’alcaloïdes. En effet, souligne Dr Nah Traoré, « c’est la première fois que l’évaluation de l’activité anticancéreuse est réalisée à partir d’extrait d’alcaloïdes provenant de ces deux plantes au Mali.»
Selon l’étude, l’extrait d’alcaloïdes totaux des feuilles du chigommier provoque une inhibition totale de la prolifération des cellules cancéreuses mammaires à la concentration de 100 μg/mL. Par contre, les extraits d’alcaloïdes des feuilles et écorce de tronc de Balanites aegyptiaca n’ont aucune influence significative sur ces cellules.
Il revient alors de mener des recherches complémentaires afin d’isoler et d’identifier les alcaloïdes purs de l’extrait de Combretum glutinosum, et de produire des médicaments qui feront reculer le cancer de sein, qui occupe aujourd’hui, la première place parmi les cancers au Mali.
@Mardochée BOLI