Pollution du fleuve Niger: l’activité humaine en cause
Avec une longueur de 4100Km, le fleuve Niger est le troisième fleuve le plus long d’Afrique qui coule depuis les hauts-plateaux de la Guinée, passe par les zones arides du sahel pour se jeter dans le delta du Niger au Nigéria. Ce fleuve dont dépendent quelques 1,5 millions de personnes au Mali est menacé par les pollutions en tout genre d’où l’urgence de le sauvegarder.
A côté des effets pervers du changement climatique, le fleuve Niger est menacé par la pollution. Une pollution qui du fait des activités humaines (industries, teinture, agriculture…) rend sa qualité de plus en plus douteuse. La seule ville de Bamako génère de milliers de déchets. Dans le souci de savoir comment léguer cet héritage précieux à la postérité qui couvre six des dix régions, une étude a récemment été menée par l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN). Cette étude a été commanditée et financée par le gouvernement à hauteur de 150 millions de francs. Si cette étude a révélé que l’activité humaine en est pour beaucoup dans la pollution du fleuve Niger, aucune solution n’a encore été trouvée. Du moins pour le moment ; car la constitution d’équipe de surveillance des berges devra voir le jour en cette année 2017.
Le visage englué de sueur, Aminata, nom d’emprunt, s’affaire avec plusieurs filles autour de grandes bassines posées sur des feux. Les mains logées dans un gant, elles remuent à l’aide de longs bâtons les liquides colorés dans les bassines. Après avoir bien mélangé, elles plongent dans ce liquide retiré du feu des bazins de couleurs blanches. Le tissu bien trempé, est ensuite étendu à une corde. En attendant que le tissu sèche pour laisser éclater la splendeur des couleurs et des motifs qui y sont dessinés, l’eau colorée est déversée dans le fleuve « Djoliba » au bord duquel Aminata exerce son métier de teinturière depuis plusieurs années. Le colorant utilisé contient des produits chimiques nuisibles à la vie aquatique à la santé et donc à la qualité de l’eau du fleuve Niger.
Aminata le sait : « Je sais que le colorant contient des produits chimiques dangereux pour la santé. On a souvent les mains trouées du fait de ces produits et il arrive qu’à force d’aspirer ces produits on tombe quelques fois malade ». Si elle dit savoir les dangers en déversant ces litres de colorants dans le fleuve, elle se fait bonne conscience en indexant certaines industries et chaines hôtelières qui le font au vu et au su de tous. « Je ne vais pas citer de noms, mais tout le monde connait les hôtels à Bamako qui sont situés au bord du fleuve avec des conduits d’eaux usées menant directement dans le fleuve. Il arrive souvent qu’on vienne nous menacer de nous déguerpir d’ici, mais je me demande qui va demander à ces propriétaires d’hôtels d’arrêter ce qu’ils font à longueur de journées », s’interroge-t-elle. Malheureusement ces comportements et ces visions font qu’ils sont nombreux les Maliens à polluer le fleuve sans se soucier en attendant que les autorités en vienne à interdire les pratiques néfastes sur les eaux du fleuve.
Face à la faible capacité des autorités pour veiller sur la préservation du fleuve, il urge que les citoyens eux-mêmes prennent conscience de la gravité de leurs actes de pollution et y mettent un terme. Cela est un bon gage pour léguer aux générations futures un fleuve sain.
Sangoulé