Science et Société

PNLP: Objectif, zéro paludisme au Mali à l’horizon 2030 !

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Le paludisme est un réel problème de santé publique au Mali. De nos jours, un patient sur trois se rend à l’hôpital à cause des fièvres paludéennes, soit 32% des motifs de consultation. Il y a 26 ans pourtant, pour éradiquer cette endémie, le gouvernement du Mali s’est doté du Programme national de Lutte contre le Paludisme (PNLP).

Créé en 1993, le Programme national de Lutte contre le Paludisme (PNLP) a été institutionnalisé le 18 juillet 2007 par l’ordonnance N° 07-022/P-RM. Il sera ensuite érigé en Direction nationale placée sous l’autorité du Secrétariat général du ministère de la Santé. Doté de la personnalité juridique, le Programme National de Lutte contre le Paludisme qui a pour mission d’animer et de coordonner les activités se rapportant à la lutte contre le paludisme. A ce titre, rappelle la Politique nationale de lutte contre le Paludisme, le PNLP est chargé entre autres de: Contribuer à la conception et à l’élaboration des stratégies nationales en matière de lutte contre la paludisme; Coordonner les recherches et études dans le domaine de la lutte contre le paludisme; Contribuer à l’élaboration des  normes et des procédures et veiller à leur application.

La méthode « Ogobara»

Pour lutter contre le paludisme, le PNLP use de la prévention et du traitement des cas diagnostiqués. Aussi, indique Dr Cissé Idrissa, Directeur du PNLP, le programme coordonne et appuie la recherche sur le paludisme. En matière de prévention, les méthodes sont les suivantes: distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides  de longue durée d’action (MILD); pulvérisations intra domiciliaires (PID), et autres méthodes (larvicides, répulsifs…); traitement préventif intermittent chez les femmes enceintes (TPIg); Chimio prévention du paludisme saisonnier chez l’enfant de 3-59 mois. En matière de prise en charge des cas de paludisme, le Mali a opté pour: les Tests de Diagnostic Rapide (TDR) et les examens de la microscopie  pour la confirmation biologique des cas; les Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artémisinine  (Arthemeter Luméfatrine; Artesunate Amodiaquine) pour le traitement des cas simples; les médicaments injectables pour les cas graves (Artesunate, Artemether, quinine).

Aux dires du Directeur du PNLP, la lutte contre le paludisme au Mali n’aurait eu les résultats satisfaisants sans une recherche efficace. «Quand vous utilisez des molécules, il faut s’attendre à un moment donné que ces molécules aient des limites», affirme Dr Cissé. Grâce à la recherche, explique le Directeur, le CTA administré contre le paludisme saisonnier chez l’enfant à 4 prises avec un mois d’intervalle, est une méthode développée par le Pr Ogobara Doumbo. «Aujourd’hui, cette méthode est appliquée dans tous les pays où le palu est endémique et elle est soutenue par tous les partenaires de la santé notamment l’OMS», poursuit le Directeur du PNLP, après un court moment d’ «hommage» au regretté Pr Ogobara, décédé le 09 juin 2018. En plus de cette méthode, la recherche se poursuit pour le «positionnement de nouvelles molécules» pour le traitement du paludisme et pour les moustiquaires imprégnées.

«Beaucoup d’efforts sont faits, les résultats sont là, mais on ne peut se réjouir tant que les gens continuent à mourir de paludisme»| Dr Cissé Idrissa, Directeur du PNLP

En 2017, les centres de santé au Mali ont enregistré: 2 097 797 cas de paludisme dont 673 574 cas graves. Les chiffres du PNLP indiquent seulement 1 050 décès, soit un taux de létalité de 0,50 ‰. A en croire les données de l’Enquête Démographique et de Santé (EDS V), le Programme de lutte contre le palu est performant. Ainsi, à Bamako la prévalence est passée de 6 à 1%. A Mopti où la prévalence est la plus forte, le taux a baissé de 67 à 38 %. «Beaucoup d’efforts sont faits, les résultats sont là, mais on ne peut se réjouir tant que les gens continuent à mourir de cette maladie», indique Dr Cissé.

Des chiffres enthousiasmants qui cachent pourtant une réalité. Dans une étude, sur le comportement des malades face au paludisme, publiée dans la Revue Malienne d’Infectiologie et de Microbiologie 2017, Tome 10, une équipe de chercheurs dont Dr Tidiane Diallo, Maître Assistant en Toxicologie de la Faculté de Pharmacie de l’USTTB, révèle que 34,3% des Bamakois ont recours à l’automédication pour le traitement du paludisme. Pis, 60% des malades à Bamako pratiquent «les conseils à la pharmacie». En clair, la plupart des malades de paludisme échappent aux statistiques fournies par les centres de santé.

Pour atteindre l’objectif zéro paludisme à l’horizon 2030, le Directeur du PNLP  est conscient, il y a énormément de défis à relever. Ils ont pour noms: la mobilisation des ressources, la prise en charge des actions par l’Etat après le retrait des partenaires, la décentralisation de la prise en charge du palu au niveau des agents de santé communautaire. Pour relever ces défis, le PNLP vient d’adopter son Plan Stratégique 2019 – 2023 pour un budget estimé à 209 milliards FCFA. Une partie de ce montant permettra d’accélérer la recherche sur la vaccination. Déjà, un candidat a été testé chez les adultes avec 52% d’efficacité, d’autres essaies sont en cours pour la mise au point de ce vaccin antipaludique, un espoir jadis porté par le Professeur Ogobara.

*Crédits photo: pnlp.sn

Mamadou TOGOLA

NB: Interdiction de reprendre cet article sans l’autorisation écrite de JSTM

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