Ophtalmologie: «Les conjonctivites représentent environ 40 à 50 % de l’ensemble des affections oculaires à l’hôpital de Sikasso»
La conjonctivite est une inflammation bénigne de l’œil. Mais, elle n’est pas négligeable, car elle peut avoir des conséquences irréversibles. Qu’est-ce que la conjonctivite ? Quelles en sont les causes? Dr Moro Sidibé, Chef du service d’ophtalmologie à l’hôpital de Sikasso répond aux questions de JSTM. Interview….
Qu’est-ce que la conjonctivite ?
La conjonctivite correspond à une inflammation de la conjonctive (muqueuse qui recouvre la sclère et la face postérieure des paupières). Les étiologies sont multiples et l’aspect clinique peut être évocateur. Parmi les affections des annexes de l’œil (les paupières, les sourcils, etc) les conjonctivites sont les plus fréquentes. L’hôpital de Sikasso, elles représentent 40 à 50 % des affections oculaires enregistrées dans le Service d’ophtalmologie.
Quelles sont les causes de la conjonctivite?
Les causes des conjonctivites sont nombreuses et diverses. Nous avons les conjonctivites d’origines infectieuses: elles ne sont pas les causes les plus fréquentes, peuvent être les plus graves, car pourvoyeuses des complications redoutables. Il est donc important de bien savoir les reconnaître enfin prévenir ces complications qui peuvent aller d’une simple kératite à une perforation cornéenne donc la perte de l’œil.
Il y a les conjonctivites allergiques: On distingue plusieurs formes: La conjonctivite saisonnière, forme allergique très fréquente, caractérisée par sa récurrence lors de l’exposition à l’allergène; la limbo conjonctivite endémique du tropique (LCET) ou la kératoconjonctivite vernale ou la kératoconjonctivite atopique associe une atteinte cornéenne et nécessite une prise en charge ophtalmologique et allergologique. L’allergie de contact est généralement secondaire à un collyre ou à un cosmétique. L’atteinte de la peau des paupières avec un eczéma de contact est de règle.
Enfin, il y a les conjonctivites liées au syndrome sec. On regroupe sous l’appellation sécheresse oculaire, la diminution de la sécrétion des larmes et les hyperévaporations liées aux anomalies des graisses palpébrales. La sensation de corps étranger, la photophobie sont les plaintes subjectives les plus fréquentes. Les résultats du test de Schirmer et un film lacrymal altéré sont des signes très évocateurs de syndrome sec oculaire.
La conjonctivite est-elle une inflammation à négliger ?
La conjonctivite même si elle est bénigne dans la majorité des cas, n’est pas une inflammation à négliger. Comme on aime le dire « la vue c’est la vie », toute pathologie oculaire minime qu’elle soit doit être prise au sérieux pour prévenir ces complications et les séquelles.
Comment une inflammation bénigne comme la conjonctivite peut-elle être contagieuse ?
La contagion intéresse beaucoup plus les conjonctivites infectieuses. Elle peut être directe d’un individu à un autre à travers les mains souillées mais aussi indirect à travers les objets infectés d’une personne malade, les poignets des portes et aussi à travers les mouches. La contamination oculogénitale est liée soit au passage dans la filière génitale chez le nourrisson, soit au contact direct par les doigts.
Y-a-t-il des saisons (périodes) plus propices à cette inflammation ?
Oui, le climat joue un rôle important dans la survenue de certaines conjonctivites en particulier pour les conjonctivites allergiques printanières. Comme son nom l’indique survient généralement pendant le printemps. Elle peut aussi persister pendant toute l’année c’est le cas de la LCET (limbo-conjonctivite endémique des tropiques). Raison pour laquelle le terme kérato-conjonctivite vernale a été abandonné dans les pays francophones au profit de limbo-conjonctivite endémique des tropiques, bien que l’adjectif « vernal » suggère une survenue saisonnière au printemps. D’autres peuvent être secondaire à des produits cosmétiques, les toxiques et la pollution atmosphérique sans oublier les médicaments.
Comment se fait la prise en charge des cas de conjonctivite au Mali?
La thérapeutique est fonction du type de conjonctivite. Que ça soit le traitement préventif ou curatif, il commence toujours par des mesures hygiéniques indispensables pour toutes les conjonctivites: c’est la propreté du visage, le lavage des mains et en fin rendre l’environnement propre. Pour les conjonctivites infectieuses le traitement est en fonction du germe et fait appel aux antiseptiques et aux antibiotiques en plus des mesures hygiéniques. La corticothérapie doit être évitée. Pour les allergies c’est l’éviction de l’allergène, même si elle n’est pas toujours possible, l’administration de sérum physiologique sans conservateur, la prescription d’antihistaminiques locaux et d’antidégranulants mastocytaires et plus ou moins de corticoïde soulagent les patients. En cas de syndrome lacrymal sec, c’est les larmes artificielles.
Propos recueillis par Mariama Diallo|JSTM.ORG