Neurofibromatose: une maladie consanguine négligée au Mali
Une étude conduite par le Dr Yamoussa Karabinta révèle que la forte prévalence de la neurofibromatose au Mali est due aux mariages consanguins, et que cette maladie, est plus présente, chez les Bamanan et soninké.
L’étude a été publiée dans la Revue Health Sciences and Diseases en avril 2020. Elle a permis de décrire la prévalence et les aspects cliniques de la neurofibromatose, une maladie qui survient très généralement à la suite des mariages consanguins.
En effet, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la neurofibromatose (NF) est une affection neurologique grave, d’origine génétique, qui touche une personne sur 4000 naissances, indifféremment les deux sexes, toutes les races et tous les groupes ethniques.
Les deux formes majeures sont désignées par NF1 et NF2, conformément à la proposition faite en 1987 à l’occasion d’une conférence de consensus sur les neurofibromatoses organisée par les National Institutes of Health.
Dr Yamoussa Karabinta a recensé, à travers son étude intitulée «Les Neurofibromatoses en Consultation Dermatologique au CHU Gabriel Touré », 16 cas de neurofibromatose dont 11 femmes. L’étude a porté sur 7 510 patients ayant consultés du 1er janvier 2005 au 31 décembre 2010.
Interrogé par JSTM, Dr Yamoussa affirme que « La prédominance féminine pourrait être expliquée par l’aspect inesthétique des lésions, incitant ces femmes à la consultation dermatologique. »
Bamanan et Soninké en tête de lice…
Comme l’hydrocéphalie, la neurofibromatose est aussi l’une des graves conséquences liées aux mariages consanguins. Dr Yamoussa expose dans son étude que la maladie, est fortement présente chez les Bamanan et soninké à 25%. Puis viennent, les Malinké, Peulh, Kakolo, Sonrhai, Dogon et Bobo.
La forte représentativité des Bamanan, selon le spécialiste, s’explique par le fait qu’elle est l’ethnie dominante au Mali. Egalement, la neurofibromatose étant une maladie génétique, la fréquence élevée des mariages consanguins peut expliquer le nombre élevé de la maladie chez les soninkés.
Pour réduire la prévalence (0,21%) de cette maladie génétique au Mali, Dr Karabinta recommande d’éviter les mariages consanguins si possibles, de faire des tests génétiques avant tout mariage. «Le respect de ces deux mesures contribue à réduire considérablement la prévalence des neurofibromatoses au Mali», rassure-t-il.
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Cet article a été redigé par Mariam Aldiou |JSTM.ORG
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Cet article a été approuvé pour publication par le rédacteur en chef Mamadou Togola