Mohamed Aly Ag Ibrahim, ministre du développement industriel: « L’industrialisation du Mali ne se fera pas au détriment de l’environnement »
Avec seulement 500 unités industrielles contre 4000 au Sénégal, 5000 en Côte d’Ivoire et 8000 au Ghana, le Mali est faiblement industrialisé. La volonté des autorités malienne «d’inscrire le Mali dans la sphère des pays industrialisés» a des conséquences sur l’environnement. Du moins si le pays ne se détourne des énergies fossiles.
Aujourd’hui, le transport et l’agriculture sont les deux principales sources de pollution de l’air au Mali. La donne va très vite changer si le benjamin des départements ministériels, celui du Développement industriel, parvient à traduire en réalité la volonté politique du président IBK. Car les industries sont énergétivores et les produits pétroliers notamment le gasoil qui représente 70% des importations d’hydrocarbure serait de très mauvaise qualité selon l’étude d’une ONG suisse. Le gasoil est réglementé par un arrêté interministériel datant de mai 1990. Ce texte fixe sa teneur en soufre à 1% en masse, soit 10 000 parties par million (ppm). Le Mali est très loin des standards internationaux. Surtout quand on sait que la teneur en soufre maximum en Europe est de 10ppm, soit 0,001% en masse.
Lors d’une rencontre avec la presse le 17 janvier dernier, Mohamed Aly Ag Ibrahim, ministre du Développement industriel s’est voulu rassurant. «L’industrialisation du Mali ne se fera pas au détriment de l’environnement», a-t-il indiqué. Trois mesures sont prises pour cela, a annoncé le ministre. Il s’agit de la création des unités industrielles dans les zones industrielles; le respect des normes environnementales notamment de la norme ISO 14001; l’utilisation des énergies vertes par le fonctionnement des industries telles que procède N-Sukala.
La facture de l’électricité est particulièrement salée pour les industries au Mali. N-Sukala, la société chinoise implantée à Ségou, produit 20 mégawatts d’électricité à partir des résidus de canne à sucre. Une production extensible à 50 mégawatts pouvant faire tourner d’autres unités industrielles. Pour le ministre du Développement industriel, les énergies vertes sont une alternative au coût exorbitant de l’électricité.
Le Mali est responsable de 0.06% des émissions de gaz à effet de serre. Le pays reste encore aujourd’hui un puits de gaz à effet de serre et séquestre 192 003 tonnes de CO2 par an, selon la communication nationale du Mali à la COP21 à Paris. Dans ce document, le Mali affiche ses ambitions énergétiques à l’horizon 2020: plus de 100 mégawatts d’électricité produits par les énergies renouvelables pour un coût global 345 millions $US.
Mamadou Mariko, Journaliste scientifique