Mali: Une personne sur trois a besoin d’une assistance humanitaire
Les inondations et sécheresses combinées aux effets de la crise politico-sécuritaire font exacerber les besoins humanitaires au Mali, selon le dernier rapport du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), publié en août 2020.
Plus la situation se dégrade, plus les conséquences sont énormes et de longue portée. Ainsi, le conflit éclaté dans le nord du Mali en 2012 a aggravé le quotidien des maliens déjà affaiblis par des problèmes de pauvreté chroniques, d’insécurité alimentaire et de malnutrition.
Le nombre de personnes ayant besoin d’assistance a augmenté. Il est passé de 4,3 millions en janvier à près de 7 millions en août 2020. Près de 13 millions de personnes ont été affectées par la crise, dont plus de la moitié a besoin d’une aide alimentaire pour répondre à des besoins vitaux, à l’accès aux services sociaux de base et conditions de vie, ainsi qu’au renforcement des capacités de relèvement et résilience face aux chocs.
Le secteur de la santé pourrait connaître une réduction de la résilience des populations et le pays serait en proie à des épidémies de rougeole, de fièvre jaune, de fièvre hémorragique Crimée-Congo, de dengue et de paludisme, avec un impact certain sur l’économie.
«un nombre accru de personnes sera exposé aux maladies diarrhéiques avec une aggravation de la malnutrition infantile et des conflits liés à l’accès à l’eau.» Mbaranga Gasarabwe, Coordinatrice du PNUD-Mali
Si rien n’est fait, explique Mbaranga Gasarabwe, Coordinatrice de l’action humanitaire et du Programme des Nations Unies pour le Développement au Mali (PNUD-Mali) « un nombre accru de personnes sera exposé aux maladies diarrhéiques avec une aggravation de la malnutrition infantile et des conflits liés à l’accès à l’eau. »
Les acteurs responsables de la prise en charge de la malnutrition chez les enfants verront également leurs efforts diminués étant donné que plus de la moitié des cas de malnutrition est associée aux maladies diarrhéiques liées au manque d’hygiène, au faible niveau d’accès à l’eau potable et aux conditions d’assainissement inadéquates, précise Mbaranga Gasarabwe, qui est aussi, la représentante spéciale adjointe pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).
Même avec la légère baisse du taux d’extrême pauvreté pendant ces quatre dernières années, passant d’environ 47 % entre 2011 et 2015 à 42,7 % en 2019; le Mali enregistre encore, plus de 185.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère.
«Comparée aux années antérieures, on remarque une légère croissance de la malnutrition cette année, surtout dans le centre et le nord-est du Mali», révèle Boulama El hadji Gori, Chef de mission de Médecins sans frontière (MSF) au Mali.
d’énormes efforts à fournir…
Malgré les moyens déployés par l’Etat, la problématique d’accès à l’eau potable se pose avec acuité. «Environ 30% du parc hydraulique national est non fonctionnel», déplore Yaya Boubacar, Directeur national de l’hydraulique. « Plusieurs personnes passent des heures à faire la queue ou à rejoindre des sources éloignées et elles sont confrontées aux conséquences sanitaires de l’utilisation d’eau contaminée», ajoute-t-il. Cette situation a provoqué la diarrhée chez 12% d’enfants de moins de 5 ans et chez 9% d’adultes, selon le dernier rapport de l’Enquête démographique de la santé (EDS-VI).
Face à ces circonstances déplorables, le Plan de Réponse Humanitaire (PRH) en coordination avec les structures étatiques s’est fixé pour objectif de sauver et préserver la vie et la dignité d’au moins 75% (5,5 millions) des populations vulnérables affectées par une crise humanitaire. Et 474 millions de dollars doivent être mobilisés pour soutenir les actions d’aides, mais seulement 166 millions ont été mobilisés à la fin d’août 2020. Soit 35 % du taux de financement. Il reste encore 308 millions de dollars à mobiliser.
Mardochée BOLI | JSTM.ORG