Mali : Pour se rendre attractives, elles s’injectent « cette drogue de beauté » à haut risque
Au cours de ces dernières années, la dépigmentation par injection de glutathion est devenue le moyen le plus sûr, selon la majorité des femmes qui la pratique « pour se rendre plus attirante. » Certaines d’entre elles ignorent les potentiels dangers.
« L’injection du glutathion peut causer la mort au bout de 15 jours » averti le dermatologue, Hadi Hakim, dans une interview accordée à un confrère sénégalais.
Selon l’expert, les patientes reçues dans son hôpital souffraient de la maladie de Lyell, elles perdaient leur peau, car celle-ci finissait par s’enlever. D’autres patientes venaient trop tard et mouraient chez elles en peu de temps. Les plus chanceuses étaient hospitalisées.
A Bamako, la dizaine de femmes interrogées par JSTM ont toutes comparé le glutathion à « une drogue ». Elles ne peuvent pas « arrêter de l’utiliser de peur de redevenir comme avant » a expliqué ‘‘Bijou’’, l’une des interviewées, vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter. Elle a bien évidemment le teint clair et à vue d’œil on remarque des taches noires sur ses doigts.
« Je n’aimais pas mon teint noir parce qu’il ne me permettait pas d’attirer les hommes. C’est pourquoi j’ai commencé à faire des injections de glutathion et mon objectif a été atteint », explique Bijou.
En effet, le glutathion, ce mot pas toujours facile à prononcer, est une protéine très utile pour l’organisme jouant un rôle de transporteur d’hydrogène et de protecteur de la cellule contre les agents oxydants. Logé dans le foie, il irrigue les cellules et agit tel un immunostimulant qui protège le corps des rayons ultraviolets. Il participe ainsi au ralentissement du vieillissement cellulaire et à la bonne circulation du sang dans l’organisme. Malheureusement, celui-ci est trop souvent détourné pour le blanchiment corporel.
Aux dires du docteur Saïdou Touré, dermatologue à l’hôpital de Sikasso, « l’injection du glutathion n’est pas à l’origine faite pour l’éclaircissement abusif de la peau, mais plutôt pour des renseignements cliniques. » Son utilisation dans un but esthétique requiert des doses importantes qui entrent dans le sang.
Ces quantités surélevées sur le long terme deviennent toxiques pour l’individu. Ce qui engendre des douleurs abdominales, un accroissement du risque de cancer, une insuffisance hépatique et des affections rénales.
Au Sénégal, « le pourcentage est de 25% de décès par piqure » et les personnes qui décèdent après avoir reçu une injection de glutathion ont l’âge compris entre 18 et 30 ans a déclaré Hadi Hakim.
Si au Mali, le pourcentage de cas de décès par piqure de glutathion n’est pas connu, il faut tout de même rappeler que le glutathion « est une source de cancer » indique le Chimiste Mamadou Badiaga. Car, dit-il, cette substance est composée de trois acides aminés dont « la cystéine qui en présence de la fonction souffre devient cancérigène et le glutamate accumulé provoque des allergies cutanées. »
NB: Photo à la une/Photo d’illustration – Crédit photo: CRISTINA ALDEHUELA / AFP
Salimata Diallo | JSTM.ORG