Lutter contre la violence en ligne : Une urgence pour la société
Le 19 août 2024, la Maison de la Presse au Plateau à Abidjan a été le théâtre d’une rencontre d’importance cruciale, réunissant des femmes journalistes et des défenseurs des droits des femmes pour discuter de la violence en ligne faite aux femmes. Organisé par le Réseau des femmes journalistes de Côte d’Ivoire, en collaboration avec l’Ambassade du Canada, cet événement a mis en lumière un fléau en pleine expansion : la violence basée sur le genre facilitée par la technologie.
La portée de la violence contre les femmes en ligne est depuis quelques années une véritable problématique sociétale.Les statistiques sont frappantes : la Côte d’Ivoire compte près de 12,5 millions d’internautes, avec une proportion significative de femmes actives sur les réseaux sociaux. Pourtant, ces espaces numériques, censés être des lieux de liberté et d’expression, se transforment souvent en terrains hostiles où la violence à l’égard des femmes prospère. Le film « Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique », projeté lors de l’événement, dépeint avec acuité cette réalité sombre, suivant le calvaire de quatre femmes victimes de cyberviolence sur deux continents, l’Europe et l’Amérique.
Les causes profondes
La violence en ligne contre les femmes n’est pas un phénomène isolé, mais le prolongement numérique des inégalités de genre enracinées dans nos sociétés. Comme l’a souligné Sa Majesté Agnès Kraidy, présidente du Réseau des femmes journalistes de Côte d’Ivoire, la prolifération des discours de haine en ligne reflète la montée en puissance d’une misogynie exacerbée par la connectivité mondiale. Les propos du sociologue italien Umberto Eco, évoqués lors de la conférence, résonnent fortement : « Nous sommes dans le monde de l’invasion des imbéciles », ceux qui utilisent la technologie pour perpétuer la violence et la haine.
L’impact dévastateur de la cyberviolence
La cyberviolence contre les femmes ne se limite pas à des attaques verbales, elle envahit leur espace personnel et professionnel, entraînant des conséquences graves sur leur santé mentale, leur sécurité et leur participation sociale. Le témoignage de Monsieur Coulibaly Ghislain sociologue, spécialiste les domaines de l’égalité des sexes et de la prévention des conflits, de la consolidation de la paix, et adepte de la masculinité positive, a souligné l’importance d’impliquer les hommes dans la lutte contre cette violence, rappelant que les inégalités de genre affectent l’ensemble de la société, y compris son développement économique.
Quelles solutions pour lutter contre la violence en ligne ?
La lutte contre la violence en ligne doit être multiforme. D’une part, il est crucial de sensibiliser le public et de promouvoir des comportements respectueux en ligne, comme l’ont souligné les différents intervenants lors de la conférence. D’autre part, il est impératif de mettre en place des mécanismes de protection robustes pour les victimes, incluant des recours juridiques efficaces et un soutien psychosocial. Le travail de l’UNFPA, qui œuvre pour la prise en charge des survivantes et la prévention de la violence numérique, illustre la nécessité d’une approche globale, intégrant à la fois la prévention et la réponse.
L’événement du 19 août 2024 a permis de mettre en lumière une réalité troublante : la violence en ligne contre les femmes est une menace croissante dans notre monde numérique. Pour y faire face, il est impératif de renforcer la sensibilisation, de promouvoir des politiques de protection et d’impliquer tous les acteurs, y compris les hommes, dans cette lutte. Car comme le montrent les victimes du film projeté, le silence n’est plus une option.
Edithe Valerie Nguekam
