Lutte contre le paludisme au Mali
34 % des consultations de Médecins Sans Frontières concernent le paludisme
L’hôtel de l’Amitié à Bamako a accueilli le 24 octobre 2024, un café de presse sur la lutte contre le paludisme au Mali, organisé par Médecins Sans Frontières (MSF), en présence du Médecin-Colonel Aissata Koné, directrice du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et des partenaires tels qu’USAID et l’OCHA.
L’objectif de cette rencontre était de faire connaître les efforts de MSF dans la lutte contre le paludisme dans ses zones d’intervention, en collaboration avec le PNLP.
Les résultats obtenus en termes d’indicateurs et d’impacts sur le système de santé national et les communautés ont été partagés, soulignant comment ses équipes et le ministère de la Santé s’organisent pour répondre au pic de paludisme actuel grâce à des stratégies d’intervention renforcées.
MSF a profité de cette rencontre pour présenter ses stratégies d’action dans la lutte contre le paludisme, en mettant en avant ses mesures de soutien et ses actions spécifiques.
Par ailleurs, l’organisation a exprimé ses inquiétudes face à une possible augmentation des cas de paludisme liée à plusieurs facteurs tels que les fortes pluies, les difficultés d’acheminement des médicaments dans des zones isolées, la situation de blocus et la hausse du nombre de déplacés internes en raison des violences.
Dans sa stratégie, elle utilise ses services de consultation et d’hospitalisation pour sensibiliser les familles sur les mesures préventives, notamment l’utilisation de moustiquaires imprégnées et la promotion de l’hygiène. Les axes majeurs de leurs interventions incluent la prise en charge des cas de paludisme, l’accès gratuit aux soins via des acteurs communautaires et la prévention de la maladie pendant la grossesse.
Les efforts de MSF ont conduit à une amélioration de l’accès aux soins, à un rapprochement des services des ménages, ainsi qu’à une diminution de la morbidité et de la mortalité liées au paludisme. La période de forte transmission s’étend généralement de juillet à décembre, avec des pics spécifiques selon les régions.
En collaboration avec le ministère de la Santé, l’organisation a lancé en 2012 la chimio-prévention saisonnière, une initiative étendue à l’échelle nationale depuis 2016.
Malgré ces avancées, MSF fait face à des défis importants, tels que l’accès limité aux zones touchées, les interruptions d’approvisionnement en médicaments et les restrictions de déplacement dues aux couvre-feux.
Dr. Innocent Kunywana, représentant de MSF au Mali, a souligné l’importance de maintenir les acquis et d’obtenir un soutien renforcé des partenaires pour atteindre l’objectif “zéro palu” au Mali.
Il a également insisté sur le rôle crucial de la presse dans la sensibilisation et la vulgarisation des stratégies de lutte.
« Les acquis et les progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme doivent se maintenir et cela passe par une forte mobilisation de ressources et d’engagement des partenaires, afin de pouvoir atteindre l’objectif « zero palu » au Mali », a-t-il lancé. Et d’insister sur l’implication de la presse qui reste incontournable en termes de vulgarisation des stratégies d’actions et de sensibilisation de masse.
Le Médecin-Colonel Aissata Koné a pour sa part, rappelé l’importance d’un changement de comportement collectif pour éradiquer le paludisme, appelant à un engagement multisectoriel et à un dialogue national pour renforcer les efforts de lutte.
« La lutte contre le paludisme est une responsabilité collective ; elle incombe à chacun et à chacune. Laissés seuls, les professionnels de santé ne pourront pas éradiquer ce fléau. Tout le monde doit s’engager activement. », a-t-elle déclaré.
Elle a mis l’accent sur la responsabilité collective dans cette lutte, encourageant chacun à assainir son environnement.
« Chacun doit assainir son environnement immédiat et ne pas attendre l’État ou les services techniques de lutte contre le paludisme pour le faire. Que chacun s’assume et s’engage », a conseillé le Médecin-Colonel.
Des témoignages de partenaires de MSF, y compris des associations de santé et des centres de soins ont souligné l’impact des actions de l’organisation sur l’amélioration des conditions de sécurité dans les zones en crise.
Présente au Mali depuis 1985, MSF travaille aux côtés des autorités sanitaires pour fournir des soins communautaires et des services de santé primaires et secondaires.
Entre janvier 2022 et septembre 2024, l’organisation a enregistré 1 283 970 consultations, dont 434 244 cas de paludisme, représentant 34 % de son volume total de consultations.
Les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes sont particulièrement touchés par cette maladie.
Dr Mazo KONE
