LMD: ce système qui fait vieillir (contribution)
Le système de Licence, Master et Doctorat qui fut intégré dans le système éducatif afin de faciliter les études est en faite un calvaire pour les étudiants maliens. Depuis l’instauration de ce système jusqu’à nos jours, être universitaire équivaut à passer le restant de sa vie sur les tables bancs de l’école, en un mot, vieillir à l’école.
Le système Licence, Master et Doctorat, communément appelé LMD, fut instauré afin d’uniformiser tous les systèmes éducatifs du monde. Partant de là, il vise également à faciliter la mobilité scolaire et à ainsi rendre l’éducation plus facile aux étudiants.
Outre tous ceux-ci, l’enseignement doit se conformer à la disponibilité de l’étudiant qui doit s’arranger à valider le nombre de crédit de chaque classe. La Licence, composée de la Licence1 (Première année classique), Licence2 (Deuxième année classique) et de la Licence 3 (Licence Classique), comprend trois ans. Le Master, quant à lui, comprend deux ans composées chacune de huit mois d’étude soit seize mois au total pour les deux classes.
Ce nouveau système, avec sa large possibilité de mobilité scolaire, donne la possibilité aux étudiants d’aller dans un autre pays et poursuivre directement leurs études sans avoir besoin de reprendre des classes antérieures avant de rejoindre leur classe habituelle comme il était de coutume dans le système classique. Cependant, ce nouveau système subit des pétitions de principe qui font engendrer du côté des étudiants tout le dégoût.
Un système de non progrès
Depuis l’intégration de ce nouveau système dans l’enseignement, les étudiants vieillissent dans les mêmes classes sans pour autant changer de classe. Comme on le dit : « Nous ne redoublons pas, nous ne passons pas à une classe supérieure et pourtant nous consommons deux, trois ans dans la même classe. »
Ainsi, pour la Licence, les étudiants peuvent banalement doubler le nombre d’année. Au lieu de trois ans, ils font six ans ou au minimum cinq ans. A cet effet, les étudiants de l’ex-FAST en savent quelque chose. De la même manière, les élèves-professeurs de l’Ecole Normale Supérieure (EN.SUP) de Bamako, font trois ans pour l’obtention d’un Master avec un emploi du temps inimaginable de huit heures du matin à dix neuf heures chaque jours excepté le samedi et le dimanche.
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En conséquence, opter présentement pour le lycée au Mali, c’est choisir de passer toute sa vie à étudier puisqu’après le lycée, il faut songer à l’université. Or, une fois à ce niveau, nous ne sortons plus sans pour autant atteindre la vieillesse. Ainsi, nous entrons aux universités du Mali en étant enfant mais nous sortons en étant vieux.
Tous ces problèmes restent liés à une mauvaise compréhension du fonctionnement de ce système.
Un problème de formation
D’après les propos de beaucoup d’administrateurs scolaires, ce système leur fut parachuté sans aucune formation préalable. Nous pouvons alors arriver à la compréhension de tous les problèmes auxquels il vient d’être question comme des problèmes liés à une incompréhension du fonctionnement de ce système. C’est pourquoi, tous les semestres sont mal organisés et surtout en retard. Des semestres qui peuvent souvent atteindre jusqu’à cinq ou six mois.
Le cas du Master de l’Ecole Normale Supérieure est pire. Au sein de cette grande école, la première promotion du Master est rentrée depuis 2013-2014, mais jusque-là cette promotion peine à finir ses études. En outre de cela, l’administration se trouve toujours dans le doute voire dans le dilemme en ce qui concerne la qualité du Master. Des tiraillements sont constatés à ce propos. Nous n’arrivons pas à identifier s’il s’agit d’un Master professionnel ou d’un Master de recherche ou encore tout simplement d’un Master de l’EN.SUP comme il était de coutume dans le système classique.
Cependant, il revient à l’Etat d’organiser des séances de formation à l’intention des administrations scolaires et des professeurs puisque ceux-ci aussi continuent à travailler comme s’il s’agissait toujours du système classique. Il faut que le système LMD recouvre toute sa valeur pour que les étudiants se sentent en l’aise. Le système n’est pas dans une posture de particularisation, il faut que le mali se conforme aux autres pays en ce qui concerne la bonne application de ce système.
Fousseni TOGOLA, (professeur de philosophie, blogueur, écrivain, pair éducateur)