Science et Société

L’islam encourage-t-il les mutilations génitales féminines au Mali ?

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D’après une étude de l’UNICEF, 64% des femmes au Mali considèrent les mutilations génitales féminines comme un impératif religieux. Des pratiques qui, selon la Communauté de pratiques sur les mutilations génitales féminines, ne sont en réalité imposées par aucune religion monothéiste.

« J’ai été volée à mes parents par mes tantes pour une destination inconnue, un endroit très sal, où on m’a cisaillé le vagin au nom de la religion que nous pratiquions » explique à JSTM, larme aux yeux, Aminata, 16 ans. Une écolière ayant subi une des pratiques de la mutilation génitale féminine.

Hélas ! Comme elle, 89% des femmes musulmanes maliennes, 84% des femmes chrétiennes et 86% des femmes animistes ont subi cette pratique, selon une étude de l’UNICEF intitulée, « Mutilation génitale féminine/ Excision : aperçu statistique et exploration de la dynamique du changement. »

En effet, les mutilations génitales féminines (MGF) constituent l’ensemble des pratiques aboutissant à l’ablation des organes génitaux de la femme.  « Elles englobent, selon le Fonds des Nations unies pour la population, le sunnah (saignement du clitoris), l’excision (l’ablation du clitoris ou d’une partie des petites, voire des grandes lèvres) et l’infibulation (l’ablation du clitoris, des petites et des grandes lèvres qui sont ensuite cousues). »

Parmi les raisons invoquées par les communautés pratiquant les MGF, à savoir le respect de la tradition, le contrôle de la sexualité féminine ou l’éligibilité au mariage, la religion est l’une des premières réponses données. Et, l’islam est la première religion indexée.

« Avant l’acte était pratiqué pour permettre à la femme de se maîtriser lors des absences longues du mari pour le djihad. La pratique est alors entrée dans la culture religieuse en Islam d’où sa perpétuation de génération en génération jusqu’à nos jours, » explique Dr Mamadou Ba, enseignant chercheur à l’université des sciences, des techniques et technologies de Bamako.

Pourtant, « au vu des quatre grandes sources qui fondent les obligations islamiques, les mutilations génitales féminines ne peuvent être définies comme un acte islamique », précise la Communauté de pratiques sur les mutilations génitales féminines (CoP MGF) dans un document parvenu à JSTM.

Dans ce document, l’Institution précise que les MGF n’existent pas dans le Quran. Secundo, quand on considère la Sunna, les Hadiths qui ont pu être utilisés pour justifier les MGF ont été dénoncés comme inauthentiques. Et, il n’y a pas de preuve tangible que les propres filles du Prophète Mahomet ou celles de ses compagnons ont été excisées. Or il apparaît que le Prophète n’ordonnerait pas une chose qu’il n’appliquerait pas lui-même. Tertio, en s’appuyant sur la troisième grande source de l’islam, l’Ijma’a, on s’aperçoit qu’il n’existe pas de consensus entre les érudits musulmans et les grandes écoles de pensée sur ces pratiques. Enfin, dans la quatrième source de l’islam, le « Qiyas », certaines personnes argumentent que les MGF seraient l’équivalent féminin de la circoncision masculine et pourraient donc, s’y appliquer les mêmes règles en termes de jurisprudence islamique. Cependant, d’autres soulignent que les MGF ne sont pas similaires à la circoncision masculine et ne peuvent donc être soumises aux mêmes injonctions et affirmations religieuses.

Par conséquent, il apparaît essentiel de déconstruire les croyances religieuses au sujet des mutilations génitales féminines, car elles sont l’une des raisons principales poussant les communautés à perpétuer la pratique.

Pour atteindre cet objectif, la CoPMGF recommande, la prise de position des figures religieuses afin de désarticuler les liens faussement établis entre les mutilations génitales féminies et les obligations religieuses.

Légende image à la une : Amnesty International avait mis en avant le cas d’excision de cette jeune fille de neuf ans en Somalie pour rappeler que de telles mutilations sont malheureusement encore trop fréquentes (photo symbolique).

Mardochée BOLI| JSTM.ORG

1 commentaire
  1. Mamadou BA dit

    Bonjour cher Boly,

    J’ai une crainte que nous ne nous comprenions sur certaines dates. Les arguments du temps du Prophète Muhammad (SAW) d’excision ou non ne me paraissent pas documentés. Ce qui sera un réel problème de repère pour asseoir une solide argumentation des pours et contre la pratique de l’excision.
    Je conseille de chercher un temps consensuel pour aider à la bonne compréhension et aussi l’adhésion aux débats dans un esprit constructif.
    Meilleures salutations !

    Dr Mamadou BA PhD

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