Langues nationales dans l’enseignement fondamental : que pensent les parents d’élèves de Bamako ?
Langues nationales dans l’enseignement fondamental : un handicap au développement du système éducatif malien
Depuis 1983, plusieurs études ont été menées sur l’utilisation des langues nationales dans l’enseignement fondamentales. La dernière étude faite par Seydou LOUA de l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako, démontre que les parents d’élèves se disent défavorables à l’utilisation des langues et qu’elle peut être considérée comme l’un des facteurs de la baisse de niveau actuelle des élèves.
« Nous n’avons pas l’intention d’affirmer que tous les parents d’élèves du Mali sont contre, cependant c’est la tendance qui se dégage dans la ville de Bamako » a souligné M. Seydou Loua.
L’étude a porté sur un échantillon de 144 parents d’élèves constitué de 95 hommes et 45 femmes. 104 dont 72,22% affirment n’avoir pas été informés sur l’utilisation d’une langue nationale à l’école de leurs enfants avant leur inscription. Ceux qui ont été informés, affirment en majorité qu’ils n’ont pas eu le choix, car ils ont scolarisé leurs enfants à l’école la plus proche de leur lieu d’habitation pour des raisons financières.
L’utilisation des langues nationales dans l’enseignement fondamental malien a commencé en 1979, devenue pédagogie convergente huit ans plus tard. Elle s’est développée grâce au Programme Décennal de Développement de l’Education en 1998, et continue actuellement avec le curriculum de l’enseignement fondamental qui utilise 11 langues nationales dont le bambara, fulfulde, songhay, tamasheq, dogon, soninké, bobo, sénoufo, bozo, minianka et khassonké.
Aujourd’hui, plus de 96 % des parents d’élèves ayant un niveau d’études supérieures sont défavorables à l’utilisation des langues nationales dans l’enseignement fondamental. Ils avancent des arguments sur la baisse de niveau des élèves en français, l’insuffisance de formation continue des enseignants, l’importance des langues nationales sur le plan international, le nombre de langues utilisées et la mauvaise application du curriculum de l’enseignement fondamental.
Si pour la majorité des parents la langue nationale constitue « un handicap au développement du système éducatif », ce n’est pas le cas pour cette minorité. Pour les parents favorables, l’utilisation d’une langue nationale en soi ne constitue pas un problème au niveau de l’enseignement. Car cela renforce l’identité nationale et culturelle, valorise la langue utilisée et doit être une fierté pour tous les pays. Tous les pays développés utilisent une langue nationale comme médium d’enseignement.
Cependant le cas du Mali est entaché par beaucoup d’insuffisances notamment le nombre de langues utilisées, l’insuffisance dans la formation initiale et continue des enseignants, l’insuffisance de matériels, etc. Toutes ces difficultés rendent réticents les parents à l’utilisation des langues nationales dans l’enseignement fondamental.
Mardochée B.