Langues nationales à l’école: selon une étude de l’ULSHB, 75% des parents disent «non»
Plus les parents sont instruits, moins ils sont favorables à l’utilisation des langues nationales dans l’enseignement. L’étude menée par Seydou LOUA, enseignant- chercheur à l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako (ULSHB) est une première sur le ressenti des parents par rapport à cette question.
En 1962, une réforme a prévu l’utilisation des langues nationales dans l’enseignement. La forme voulait apporter un enseignement de qualité, mettre en valeur la culture malienne et décoloniser les esprits. Cependant le médium principal d’enseignement est resté la langue française qui est aussi la langue officielle du Mali. Selon Seydou LOUA, l’utilisation des langues nationales dans l’enseignement fondamental malien a commencé avec une expérimentation en 1979, devenue pédagogie convergente en 1987. Elle s’est développée grâce au Programme Décennal de Développement de l’Education en 1998, et continue actuellement avec le curriculum de l’enseignement fondamental qui utilise 11 langues nationales qui sont le bambara, fulfulde, songhay, tamasheq, dogon, soninké, bobo, sénoufo, bozo, minianka et khassonké.
Beaucoup d’études, rapporte le chercheur, ont été réalisées sur l’utilisation des langues nationales dans l’enseignement fondamental malien, notamment en ce qui concerne l’attitude des enseignants, son importance. Ces études ont abouti à des résultats contradictoires. Pour la première fois, une étude recueille l’avis des parents sur cette question. L’enquête a concerné 144 parents d’élèves dont 95 hommes et 45 femmes. Cet échantillon est reparti dans les 6 communes du District de Bamako en raison de 2 quartiers par commune et de 12 parents par quartier. Concernant la capacité d’écriture et de lecture en français des élèves du second cycle, 70,83% des 96 parents ayant des enfants au second cycle affirment que leurs enfants ne savent ni écrire ni lire correctement en français.
Les parents n’ont pas tout à fait tort. Car, l’étude révèle que «l’utilisation des langues nationales dans l’enseignement fondamental peut être considérée comme un des facteurs explicatifs de la baisse de niveau des élèves en français». Mais s’il n’est cependant pas le seul. Pour parvenir à ce résultat, le test du khi 2 de Pearson a été pratiqué. Il montre qu’il existe, effectivement, un lien entre l’utilisation des langues nationales dans l’enseignement fondamental et la faible capacité d’écriture et de lecture en français des élèves du second cycle.
@mamadou_togola