La Technologie « Blockchain » ou la fin programmée du Franc CFA?
Désignée comme une « technologie d’avenir», la Blockchain, selon des experts maliens, est une technologie qui pourrait accélérer la croissance économique du Mali. Mieux, à la longue, pourrait remplacer le franc CFA. Pour en arriver là, le gouvernement doit aller à la conquête de cette technologie afin de la maîtriser.
La technologie au service de la finance. C’est la nouveauté apportée par la Blockchain pour révolutionner le système de transaction financière à travers le monde. La première application, la plus connue du système dans le domaine financier, est le Bitcoin, une monnaie virtuelle. Elle permet de faire des échanges sur internet sans passer par le système financier traditionnel.
Selon Youssouf Sall, informaticien et fondateur de Sallproglobal, une entreprise de prestation de service à Donilab, la création d’une crypto-monnaie est faite exclusivement sur des ordinateurs par des programmes dédiés. « Ces ordinateurs sont appelés mineurs et non pas besoin d’être sur la même zone géographique. Elles sont sélectionnées de manière aléatoire et de façon à ce qu’aucune machine ou un groupe de machines ne puissent contrôler à plus de 50% de la charge du travail. C’est ce qui assure la décentralisation et la sécurité du système», souligne l’informaticien, ajoutant que les opportunités de la technologie Blockchain pour le Mali sont énormes.
Selon lui, le Mali a beaucoup à faire. «Si nous arrivons à nous positionner dès maintenant, ce serait déjà une opportunité de remplacer le franc CFA par une crypto-monnaie : d’abord, le gouvernement doit avoir un plan concret d’exécution de la phase d’adoption de cette technologie. Aussi, il doit assurer une très bonne couverture internet dans tout le pays car la Blockchain est 100% liée à l’internet. En plus, il doit constituer une équipe d’informaticiens dédiés exclusivement à la technologie Blockchain, ce qui permettra d’avoir notre indépendance totale des autres pays du monde et de mettre en place un cadre réglementaire conséquent», explique Sall.
Pour que ces mesures fonctionnent, le gouvernement doit réunir tous les acteurs concernées afin qu’ils commencent à travailler sérieusement sur la question de cette technologie. «La pratique nécessitera énormément du travail afin d’assurer non seulement sa disponibilité mais aussi sa sécurité. La Blockchain n’est pas une crypto-monnaie mais plutôt une technologie qui a donné naissance aux crypto-monnaies notamment la bitcoin. Donc, remplacer le franc CFA par une crypto-monnaie est tout à fait faisable au Mali et partout en Afrique. On a intérêt à utiliser cette technologie», a insisté Youssouf.
Selon Youssouf Sall, un avantage non négligeable de l’utilisation d’une crypto-monnaie est lié à sa traçabilité. La principale caractéristique de la Blockchain, indique-t-il, est la transparence dans les différentes transactions d’argent. «C’est un excellent moyen pour lutter contre la corruption dans les affaires publiques. Mais, nous devons être prudents. Cependant, il y a tout un travail préalable à faire notamment en termes de législation. Cette technologie a besoin d’être comprise par les législateurs afin qu’ils puissent encadrer correctement», a précisé notre interlocuteur.
Ingénieur en informatique et PDG de Next Group, Sékou Assane Sidibé soutient les propos de Youssouf Sall. Cependant, indique-t-il, outre la transaction financière, la technologie Blockchain peut dans le cadre d’élections transparentes. « Il y a aussi l’organisation des élections, qui est devenue un sérieux problème dans notre pays. Cette technologie, appliquée dans le domaine des élections, peut offrir beaucoup d’avantages notamment la traçabilité et la transparence de tout le processus. Le vote et le nombre de votant seront infalsifiables et tout monde pourra procéder à des vérifications», a indiqué le PDG de Next Group.
Hamissa Konaté