La pratique du FCFA: une survivance du moyen-âge (contribution)
… une obscurité du moyen-âge français, que la lumière des Philosophes du 18ème siècle n’aura pas su éclairer, ni celle de leurs successeurs, plus de trois siècles plus tard
Dr Lamine KEITA
… Une Lumière encore sélective, à nettoyer de ses impuretés …
Savoir que le FCFA est issu des pratiques venues d’une époque des rois absolus de droit divin en France et que cette pratique permet au Roi de s’attribuer une bonne partie des ressources monétaires de ses sujets, cela ne présente aucun élément nouveau pour l’analyse, y compris après le siècle des Lumières, surtout lorsque ces ressources ne proviennent que de l’exploitation des colonies ou ce qui est présenté comme des ex-colonies, sauf, que cette Lumière, perçue comme étant sélective, doit être nettoyée de ses impuretés au moyen de la raison et de la science, pour être conforme avec l’esprit et la lettre de cette philosophie du siècle des Lumières.
On comprend donc que le Roi puisse décider de définir à la baisse l’écu, en reprenant à la population 10 000 000 de grammes d’or pour lui restituer 5 millions de grammes d’or au nom d’une nouvelle définition de l’écu. Il doit, cependant être clair, pour ces néo-économistes ignorant tout de l’histoire, que nul ne saurait parler de dévaluation puisqu’il ne s’agit que du Roi avec ses sujets.
… Un Roi, fût-il absolu de droit divin a-t-il tous les droits ?
Au moyen de la science, l’Economie scientifique, nous avons compris que cette pratique du Roi est une pratique dangereuse qui est fondée sur la manipulation fraudeuse des instruments de mesures appelée diminution des poids et mesures en économie.
… la dépréciation de l’écu par le Roi, une pratique contre-productive ….
Cette pratique est dangereuse car elle ignore que l’écu dans sa première définition est un instrument de mesure et que sa nouvelle définition donne lieu à un nouvel instrument plus petit que le précédent et que les deux instruments auraient pu être mis en circulation ensemble, ainsi que le Mali en a fait l’expérience en 1984 en mettant en circulation ces deux types d’écu, le premier, le FCFA qui vaut 0,02 FF et le second, le FM qui vaut 0,01 FF. Ce faisant, les prix qui étaient exprimés aussi bien en FM qu’en FCFA, les premiers prix étant le double des seconds, il aurait pu en être de même entre les différents écus créés.
En ayant donc pleinement conscience du rôle d’instrument de mesure de ces écus créés, comme nous le sommes avec le FCFA et le FM, alors, on comprend qu’en réalité, la pratique du Roi aura consisté à créer le petit écu qu’on a continué à appeler toujours par le même nom en retirant de chaque écu donné par la population la moitié de sa valeur que le Trésor Royal récupérait à travers la refrappe des nouvelles pièces d’écu.
Nous avons compris que ce gain du Roi est malheureusement contre-productif. En effet, dans l’économie, la diminution de l’instrument de mesure provoque une destruction de toutes les valeurs de l’épargne et de tous les actifs qui se trouvent exprimées de force dans la même quantité et dans une unité de mesure devenue subitement toute petite, ce qui provoque une régression suicidaire de toute l’économie par rapport à elle-même.
… La dépréciation monétaire, un fléau des plus redoutables amenant la décadence des républiques …
On comprend donc la préoccupation exprimée par N. Copernic lorsqu’il indique que : «la discorde, la mortalité, la stérilité de la terre et la détérioration de la monnaie sont les plus redoutables fléaux qui d’ordinaire amènent la décadence des républiques ». Cependant, ajoute l’auteur du Traité de la monnaie, «Pour les trois premiers, l’évidence fait que personne n’en ignore. Mais, pour le quatrième, qui concerne la monnaie, excepté quelques hommes d’un très-grand sens, peu de gens s’en occupent.» Pourquoi? Se demande-t-il ouvertement, car « ce n’est pas d’un seul coup, mais petit à petit, par une action en quelque sorte latente, qu’il ruine l’Etat».
Aujourd’hui, nous pouvons comprendre, pourquoi et comment, au-delà de ces « quelques [rares] hommes d’un très-grand sens » identifiés par N. Copernic, la dépréciation de la monnaie provoque la décadence des républiques, sans laisser aucun soupçon sur la conscience humaine à l’exception de la minorité dégagée par le savant.
… la décadence des républiques par la dépréciation monétaire enfin expliquée …
Au préalable, il convient de comprendre que la diminution de l’écu, la dévaluation du FCFA, la dépréciation monétaire ou détérioration monétaire désignent le même phénomène pratique que nous avons désigné par la « diminution des poids et mesures en économie », dès lors que nous avons mis en place la théorie de la mesure en économie.
En effet, cette détérioration monétaire provoque la destruction massive et instantanée d’une valeur qui aura mis du temps à être constitué, quand on sait qu’avec un taux de croissance de 5% l’an, il faut au moins 14 ans de croissance continue pour doubler la grandeur. On comprend donc la gravité de la dépréciation monétaire lorsque N. Copernic trouve qu’elle est pire que la mort, y compris à grande échelle, comme le génocide.
Malheureusement, cette destruction porte sur valeur qui représente quelque chose d’abstrait et invisible dont la destruction, par ignorance, ne peut laisser aucune trace sur la conscience humaine bien que réelle et dangereuse.
Aujourd’hui, en démontrant le rôle inédit d’instrument de mesure assigné aux instruments monétaires et en montrant la différence fondamentale entre la diminution des poids et mesures en économie et la dévaluation nous estimons avoir entièrement donné, à travers l’Economie scientifique, des instruments d’analyse pertinents pour l’analyse économique.
En effet, l’instrument de mesure est nécessaire pour toute discipline qui se veut scientifique et valablement constituée à l’image de la thermodynamique avec son thermomètre, son instrument de mesure, moyen adéquat de validation des principales conclusions scientifiques à l’intérieur de la discipline.
… La monnaie, instrument de mesure, un excellent guide contre l’erreur …
Par conséquent, fort d’une telle avancée scientifique en économie, nul ne saurait tolérer le passage de l’écu à l’éco comme une simple répétition à nos jours d’une histoire d’expropriation du moyen-âge à nos jours, un produit de l’ignorance du siècle des ténèbres en Europe, puisé dans les pratiques médiévales plus de quatre siècles avant le siècle des Lumières et qui aura été interdite en France le 7 avril 1795 dans une France métropolitaine, toute désespérée de pouvoir s’en sortir sans ses colonies et ex-colonies, tant le malade a du mal à se passer de sa béquille pour marcher, même s’il a retrouvé l’usage de ses deux jambes. Il ne lui restera qu’à lui casser ses béquilles pour qu’il retrouve la liberté de se mouvoir.
… les affirmations d’autorité ne peuvent servir de preuve, surtout en matière de monnaie
De plus, ce ne sont pas des affirmations d’autorité, donc sans fondement qui vont désormais suffire comme preuve, notamment les affirmations selon lesquelles « l’arrimage de l’Eco à l’Euro, est la meilleure chose à faire, car, le taux de change fixe entre le franc CFA et l’euro a fait ses preuves», depuis des années ».
En effet, la théorie de la mesure nous permet de comprendre que l’euro étant l’étalon pour les pays utilisateurs du FCFA, nul ne saurait raisonnablement parler de taux de change entre cette monnaie européenne et le FCFA. Il s’agit d’un rapport de monnayage, un rapport du type entre le mètre et ses unités de mesures, un simple rapport de conversion.
… La comparaison des monnaies entre pays respecte des principes qu’il faut connaître
En revanche, le taux de change concerne deux pays et la comparaison des monnaies des pays respecte des règles dues à D. Ricardo qui interdit de comparer l’étalon d’un pays avec le numéraire d’un autre pays. A ce titre, l’euro étant l’étalon des pays utilisateurs du FCFA, le FCFA en est une unité usuelle de mesure.
Ainsi, selon D. Ricardo on ne saurait comparer l’euro, considéré comme la monnaie européenne et le FCFA, considéré comme la monnaie des pays africains car cela n’a pas de sens, car revenant à comparer un étalon avec un des numéraires qui lui sont issus.
La science exige plutôt de comparer dans ce cas les étalons entre eux, c’est-à-dire l’euro pour les européens avec le même euro pour les pays utilisateurs du FCFA, le FCFA qui n’est qu’une quantité fixe et définitive du même euro. Dans ce cas, en comparant l’euro avec l’euro, il est évident que nul ne saurait raisonnablement parler de dévaluation, les pays utilisateurs du FCFA n’étant autre que des pays utilisateurs de l’euro, certes, mais qui s’ignorent comme tels.
… Arrimage du FCFA à l’euro, une autre illusion de la part d’économistes mal inspirés..
De plus, il devra être clair que l’idée « d’arrimage du franc CFA à l’euro » est une autre illusion née du fait que ses auteurs n’ont aucune conscience du rôle d’instrument de mesure des instruments monétaires du FCFA et de l’euro, car nul ne saurait affirmer que le centimètre est arrimé au mètre à l’image de ce que ces économistes avancent en ce qui concerne le FCFA et l’euro.
Evidemment non et non !! Le cm est le mètre en une quantité déterminée, la centième partie du m. Ce cm n’a aucune existence autonomie qui lui permet de se mouvoir comme une entité autrement que par le mètre. Cette illusion, que trainent plusieurs nouveaux débatteurs sur le sujet du FCFA, empêche ceux-ci de comprendre que l’arrimage concerne deux choses distinctes comme le bateau et la remorque à laquelle il faut solidement attacher le bateau.
C’est cette illusion, je ne sais pas, de pêcheurs devenus économistes, qui les amène, à un moment donné, par un faux raisonnement consistant proposer à la suite de fausses déductions qu’il faut dévaluer le FCFA, alors que nous avons vu que la dévaluation du FCFA n’a aucun sens, car nul ne saurait dévaluer un instrument de mesure.
Bien au contraire, diminuer un instrument de mesure est une grave catastrophe pour l’économie, une pratique fondée sur l’ignorance du rôle d’instrument de mesure assigné aux instruments monétaires et présentant comme conséquences redoutables de détruire immensément la valeur que l’économie a mis des siècles à bâtir et sans ne jamais en avoir aucune conscience. Il nous semble que ce point d’éclairage est désormais acquis pour tout lecteur attentif.
.. Attention aux économistes qui ne respectent même pas les règles de la discipline
A présent, il appartient à beaucoup d’économistes d’apprendre à respecter les règles de leur propre discipline et d’éviter de se trouver noyés dans une science sociale où historiens, pédagogues, géographes, sociologues, philosophes, physiciens mathématiciens, psychologues et mécaniciens se discutent la prééminence dans une discipline sans âme qui s’ignore.
Il s’agira, surtout, non pas de chercher à avoir raison, mais plutôt à aider à sauver des vies humaines, partout dans le monde, mais en toute urgence dans les pays utilisateurs du FCFA qui se trouvent aujourd’hui pris dans un piège où l’ignorance puisée des ténèbres du moyen-européen les enferme avec un maître sans pitié appelé France.
Dr Lamine KEITA