La course contre la montre pour éradiquer la poliomyélite en Afrique
Le 16 septembre dernier marque une nouvelle étape cruciale dans la lutte contre la poliomyélite en Afrique de l’Ouest et centrale. Les ministres de la Santé des pays du Sahel et du bassin du lac Tchad ont dévoilé un ambitieux plan de coordination transfrontalière pour éradiquer le poliovirus, s’étendant sur la période 2024-2025. Ce plan vise à éliminer toutes les formes de transmission de la maladie dans des zones critiques comme le Burkina Faso, le Cameroun, le Mali, le Niger, le Nigéria, la République centrafricaine et le Tchad.
La menace persistante du variant de poliovirus
Bien que l’Afrique ait été déclarée exempte de poliovirus sauvage en 2020, un nouvel ennemi de taille persiste : le variant du poliovirus de type 2. Ce dernier continue de se propager, notamment dans des zones où l’accès aux soins est limité, aggravé par l’insécurité et les mouvements constants de populations.
En 2024, 134 cas de poliomyélite ont été signalés, répartis entre sept pays, nécessitant une réponse ferme et synchronisée à travers des campagnes de vaccination massives. Près de 70 millions d’enfants ont déjà été vaccinés cette année dans les zones à risque, preuve de l’ampleur des efforts pour contrer cette menace.
Une réponse concertée à l’échelle régionale
Face à ce défi, les pays du bassin du lac Tchad et du Sahel s’unissent pour mettre en place une riposte transfrontalière. Au cœur de cette stratégie se trouve une ‘‘équipe spéciale pour le bassin du lac Tchad’’, basée à N’Djamena, chargée de centraliser les efforts pour lutter contre la propagation du poliovirus. La coordination entre ces sept pays est essentielle pour s’assurer que la maladie ne franchit pas les frontières et que chaque région à risque bénéficie des mêmes interventions.
Comme l’a souligné le Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, “Cette situation exige une riposte uniforme entre les pays, à l’image des efforts déployés pour éliminer avec succès le poliovirus sauvage”. La collaboration entre gouvernements, organismes de santé et partenaires tels que l’OMS et l’UNICEF est donc primordiale.
Dix axes stratégiques à mettre en œuvre
Les ministres de la Santé des sept pays se sont engagés sur dix axes stratégiques pour éradiquer la poliomyélite, parmi lesquels la mise en place de systèmes robustes de gestion des incidents et la synchronisation des campagnes de vaccination au-delà des frontières. En intensifiant les activités transfrontalières, notamment en matière de notification, de détection et de partage des informations, ils espèrent couvrir toutes les populations à risque, y compris les nomades et celles vivant dans les zones difficiles d’accès.
Un cadre de suivi rigoureux sera également instauré, avec des dialogues ministériels réguliers pour évaluer les progrès et combler les éventuelles lacunes, afin de maintenir la dynamique indispensable à l’éradication complète de la poliomyélite dans la région.
Si l’objectif est d’interrompre les flambées de poliomyélite d’ici fin 2025, cet effort collectif est un impératif. La poliomyélite, qui peut laisser des séquelles irréversibles, ne doit plus être une menace pour les générations futures. Le succès de ce plan repose sur un engagement politique de haut niveau, des campagnes de vaccination de qualité, et une collaboration accrue entre tous les acteurs-clés.
L’urgence d’une mobilisation collective se fait sentir, et course contre la montre est lancée pour éradiquer définitivement la poliomyélite en Afrique. Le plan 2024-2025 marque donc un tournant dans cette bataille sanitaire, en garantissant que plus aucun enfant ne souffrira des conséquences dévastatrices de la polio.
Rédigé par Édithe VN.