Institut Géographique du Mali: Tracé le Mali dans ses moindres courbes
Les origines de l’Institut Géographique du Mali (IGM) remontent à la période coloniale avec le Service géographique et topographique basé à Dakar. Devenu en février 2000, un Etablissement Public national à caractère Administratif doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, l’IGM a, au fil des années, assoit ses connaissances spatiales et géographiques sur le Mali.
Le Mali partage 7 420 Km de frontières avec ses sept voisins: l’Algérie, le Burkina, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal. Pour la maîtrise et la surveillance de ce parcours, le gouvernement du Mali a créé l’Institut Géographique du Mali par une Ordonnance du 10 février 2000. Ce texte a été ratifié par la loi n° 00-33 du 06 juillet 2000. La tâche de l’institut aurait été beaucoup plus simple, s’il n’avait pas en charge la maîtrise de la géographie d’un pays qui a la 23e plus grande superficie au monde et qui est 30 fois plus vaste que la Suisse.
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La géographie… une affaire coloniale
Pour être à hauteur de mission, l’IGM a subi, au cours des années, plusieurs mutations. Ainsi, l’Institut Géographique du Mali tel que dénommé aujourd’hui est né de la restructuration de l’ancienne Direction Nationale de la Cartographie et de la Topographie créée en 1979. Cependant, la gestion de la géographie du Mali remonte à la période coloniale. A cet effet, un service géographique et topographique basé essentiellement à Dakar était représenté dans tous les territoires de l’Afrique Occidentale Française (AOF).
En 1964, le Service Topographique du Mali devient l’Institut National de Topographie (INT). Il est directement rattaché au Ministère des Travaux Publics. En 1977, il est appelé Centre National Production Cartographique et Topographique (CNPCT); Deux ans plus tard, en 1979, la Direction Nationale de la Cartographie et de la Topographie fut créée avec des Directions Régionales de la Cartographie et de la Topographie (DRCT). En février 2000, le gouvernement du Mali crée l’Institut Géographique du Mali, un Etablissement Public national à caractère Administratif doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière.
«Sans cartographie, il ne peut y avoir de développement» | Mamadou Keita, directeur de la production à l’IGM
En dotant l’IGM de la personnalité morale et de l’autonomie financière, les autorités de tutelle lui ont aussi accordé des missions énormes. Ainsi, l’Institut Géographique du Mali participe à l’élaboration, à la mise en œuvre et au suivi de la politique nationale en matière de cartographie et de topographie. A ce titre, il est chargé entre autres de; concevoir, établir et mettre à jour la carte de base du territoire national; établir, protéger, entretenir et densifier les réseaux géodésiques; assurer la couverture systématique et régulière du territoire national en photographies aériennes et en images satellitaires; participer aux travaux techniques de matérialisation des frontières nationales; participer à la formation et à la recherche appliquée dans les domaines de la géodésie, de la cartographie, de la photographie aérienne, de la photogrammétrie, de la télédétection et de la topographie.
A l’IGM, la Direction de la production est un maillon essentiel pour la mise en œuvre des missions, parfois régaliennes, assignées à l’institut. Dirigée par Mahamadou Keita, cette direction pilote le Projet du réseau géodésique de référence du Mali. Le réseau géodésique national, explique Keita, est nécessaire surtout pour le secteur du BTP. Pour construire une route ou un bâtiment, il faut connaître le niveau d’élévation de cette route ou bâtiment par rapport aux autres points. Cela, indique l’expert, permet d’éviter les inondations.
Le travail dans la cartographie est un travail presque ingrat. Parce que, soutient Mahamadou Keita, peu de gens connaissent l’importance d’une carte. «Pourtant, sans cartographie, il ne peut y avoir de développement», affirme Mahamadou Keita qui assure la Vice-présidence de l’Association Africaine de Télédétection/ African Association of Remote Sensing of the Environment (AARSE). Le développement du Système d’information Géographique (SIG), expose Keita, a révolutionné le domaine de la cartographie et son interaction avec les autres secteurs d’activités.
Avec le système d’information géographique, la carte n’est plus seulement un outil de maîtrise spatiale et géographique, c’est aussi un outil d’aide à la prise de décisions politiques. Le SIG permet de recueillir, de stocker, de traiter et d’analyser tous les types de données spatiales et géographiques. Ces données servent à l’aménagement du territoire, à la gestion des infrastructures et réseaux, au transport et à la logistique, à l’assurance, aux télécommunications, à la planification, à l’éducation et à la recherche. Ainsi, de plus en plus, la notion de Système d’information Agricole émerge dans le secteur agricole.
Des ambitions colossales pour des maigres ressources
L’Institut Géographique du Mali a d’énormes missions. En plus de celles citées ci-dessus, l’IGM intervient dans le domaine foncier, même si la gestion foncière est attribuée à d’autres structures. En effet, l’IGM est saisi, par les tribunaux, pour son expertise dans les litiges fonciers et l’Ordre des géomètres experts du Mali relève de l’institut. Malgré, son importance dans le développement de notre pays, l’IGM souffre de la vétusté de ses équipements et d’un manque de personnel. Tous ces problèmes sont consécutifs à un budget trop faible.
En 2019, le budget de l’institut a connu une baisse de 9,27%. Ainsi, le budget de l’IGM est passé de 1,239 milliard Fcfa en 2018 à 1,124 milliard Fcfa. A la 23e session du Conseil d’administration de l’IGM, le 18 mars dernier, Makan Fily Dabo, secrétaire général du ministère des Infrastructures et de l’Equipement, soulignait pourtant à aux admirateurs, l’importance de l’institut. «L’IGM est un véritable outil de développement que nous devons, chacun en ce qui le concerne, façonner au rythme de nos ambitions socioéconomiques et des attentes des usagers pour la mise à disposition de produits et de service de qualité».
Mamadou TOGOLA