Hépatite « B » : tout savoir sur une maladie qui gagne du terrain au Mali
Au Mali, l’hépatite « B » est moins dépisté par la population, mais la maladie reste transmissible et continue de ravager à petit à petit. Au CHU Gabriel Touré, le traitement et le dépistage sont l’œuvre des spécialistes, des gastro-entérologues. Qu’est-ce que l’hépatite « B » ? Comment se transmet-elle ? Entretien avec Dr Dicko Moussa Younoussou, gastro-entérologue au centre hospitalo-universitaire Gabriel Touré.
C’est quoi l’hépatite « B » ? C’est est une maladie du foie due à l’infection par un virus qui fait partir d’un groupe de virus alphabétiques appelés A,B,C,D,E. Ce sont des virus qui rentrent dans l’organisme pour aller s’installer au niveau du foie. Ils peuvent rendre malade souvent le foie. Mais parmi ces virus, l’hépatite « B » est l’un des plus dangereux et présents en Afrique Sub-saharienne, souligne le Dr Dicko. C’est un virus qui ne se manifeste pas fréquemment. C’est pourquoi, dit-il, « beaucoup de gens ont le virus, mais ne le savent pas ». Ce qui va entretenir la contamination de l’individu à son entourage. Toutefois, il existe des signes indirects tels que la jaunisse, manifestation d’une grippe, des douleurs articulaires, des maux de têtes, céphalées, allergie du corps.
Cela, c’est quand le virus a beaucoup évolué vers la chronicité qui donne aussi la cirrhose (jaunisse), ensuite le cancer du foie. Les médecins parlent de chronicité quand l’infection dépasse six mois. Toutefois, il est probable souvent qu’une personne vive avec la maladie durant plus d’une dizaine d’années sans évoluer vers la chronicité qui est sa manifestation. La durée pour que l’hépatite « B » tende vers sa manifestation dépend d’une personne à une autre. Selon la dernière étude menée en 2016, au CHU Gabriel Touré, le taux de prévalence est de l’hépatite B est de 13,97% de la population.
Trois choses à retenir sur la transmission de l’hépatite « B »
- D’abord, la transmission par le sang et ses dérivés. Par exemple, quand une personne qui a l’hépatite « B » se brosse les dents et qu’une autre vient utiliser ce même objet, elle va directement être contaminée.
- Le deuxième facteur de contamination, c’est la voie sexuelle. Autrement dit, un mari peut transmettre la maladie à sa femme, comme une femme peut la transmettre à son mari.
- La transmission mère-enfant est le troisième facteur de risque. Une femme qui a le virus peut le transmettre à son enfant si des mesures ne sont prises au préalable. Il y’a un quatrième facteur de transmission appelé horizontale qui est entre deux personnes assisses qui boivent dans un même bol, ou bien qui partagent des baisers. Le Dr Dicko soutient que les trois précédents facteurs sont les plus essentiels.
Des mesures préventives à prendre
Ne pas laisser tout le monde donner des bisous à ses enfants. Ne pas utiliser des bols utilisés par un grand public. Eviter également de partager les objets tels que les rasoirs. Les femmes enceintes qui ont déjà la maladie doivent être prises en charge pour que l’enfant ne contracte pas aussi la maladie. A cet effet, dès que la femme accouche, l’enfant doit être vacciné avant d’atteindre ses 40 jours.
Le traitement se fait à deux volets
Le volet préventif et curatif. Mais selon le Dr Dicko, le volet le plus important c’est la prévention. Elle se fait par la vaccination. « Tous les enfants doivent être vaccinés systématiquement », ajoute-il. Dans le programme élargi de la vaccination se trouve le vaccin de lutte contre l’hépatite « B », introduit depuis 2002. Mais selon notre interlocuteur, « les gens ne suivent pas à la lettre cette vaccination ». Les personnes qui sont nées avant cette date, doivent être vaccinées, mais pas avant une prise de sang pour détecter si la personne est atteinte ou non de la maladie. Dans ce cas, si elle a la maladie, le vaccin ne sert plus à rien. Ce vaccin est uniquement bénéfique pour les personnes qui ne sont pas encore atteintes de la maladie.
Pour les personnes qui ont été confirmées par le cas, elles doivent commencer le traitement. C’est ici que commence le traitement curatif. C’est pour réduire les risques de transmission des personnes atteintes de la maladie. Actuellement, il existe des médicaments au Mali. Le médicament appelé le « ténofovir », un traitement à vie. Il insiste que quand on commence le traitement, durant toute la vie, on ne l’arrête pas. Il a signalé qu’il existe de très petites proportions qui peuvent amener les spécialistes à demander à une personne d’arrêter le traitement. Avant, le médicament était à 120. 000 F CFA, mais aujourd’hui c’est à 7500 FCFA au niveau de la pharmacie populaire du Mali (à côté du CHU Gabriel Touré), la seule pharmacie qui vend ce médicament contre l’hépatite « B » au Mali.
L’hépatite, un traitement à vie pour réduire les risques de contamination
Une patiente atteinte de l’hépatite « B » peut toujours contaminer une autre personne. Mais le traitement qu’elle suit permet toutefois de réduire les risques de transmission de la maladie. C’est pourquoi, il est conseillé à cette personne de demander à son entourage de faire une prise de sang le plus vite possible pour une vaccination. Pour ceux qui ne sont atteints, un vaccin suffit ; et un traitement pour ceux qui ont déjà attraper la maladie.
Selon notre interlocuteur, l’hépatite « B » est comme le virus du VIH Sida et le virus de l’hépatite « C ». Ces trois maladies ont les mêmes modes de transmission, mais selon le constat du Dr Dicko, les gens ont plus peur du VIH que l’hépatite « B ». Alors qu’actuellement, le taux de prévalence de l’hépatite « B » est beaucoup plus élevé que celui du VIH Sida au Mali, qui est à 1.1%, selon les dernières enquêtes, poursuit-il.
« Je conseille vivement à la population malienne de venir faire le dépistage. Car, l’hépatite ‘’B’’ est un virus qui peut vivre sept jours à l’air ambiant » conclut Dr Dicko.
Hadjiratou Maïga